lundi 29 janvier 2007

LA RAISON

Le Songe de la Raison produit des monstres, par Francisco Goya
La raison est une faculté de l'esprit humain dont la mise en œuvre nous permet — en suivant des règles ou des normes — de fixer des critères de vérité et d'erreur, de discerner le bien et le mal et de mettre en œuvre des moyens en vue d'une fin donnée. Cette faculté a donc plusieurs emplois, scientifique, technique et éthique.
Par suite, on peut distinguer, au point de vue des normes rationnelles :
• la raison, ensemble de principes directeurs de la connaissance ou de l'action ;
• la raison, principe de création et de mise en ordre de ces principes.

Sommaire

• 1 Étymologie
• 2 Principes du raisonnement
o 2.1 Principe d'identité
o 2.2 Principe de non-contradiction
o 2.3 Principe de causalité
o 2.4 Catégories du raisonnement
• 3 La raison scientifique
• 4 Rationalisme et empirisme
• 5 Puissance normative de la raison
o 5.1 Normes rationnelles et morales
• 6 Limites de la raison, l'irrationnel
o 6.1 Raison et foi
• 7 Raison et histoire
• 8 Bibliographie
• 9 Science
• 10 Voir aussi
• 11 Liens externes

Étymologie
Le mot raison vient du latin ratio, traduction problématique du concept grec de logos. Le mot grec signifie parole, discours, théorie, raison, etc ; le mot latin n'a pas tous ces sens, mais contient l'idée de lien. Toutefois, là où les Grecs étaient des orateurs, les Romains étaient avant tout "comptables" : ratio désigne en premier lieu le calcul, la supputation, le compte. Par la suite, il désigne les relations commerciales, avant enfin d'acquérir le sens que nous lui connaissons (cf dictionnaire Gaffiot)

Principes du raisonnement
Principe d'identité

Le discours philosophique a besoin de cohérence. Une expression de ce besoin est le principe d'identité qui énonce que ce qui est est. C'est, selon Aristote (Métaphysique, livre gamma), l'exigence fondamentale du discours rationnel. Si on ne l'admet pas, le sens des concepts peut changer à tout instant, ce qui revient à dire qu'on ne peut rien dire qui ne soit contradictoire.

Principe de non-contradiction
Aristote formule ainsi ce principe : une même chose ne peut pas, en même temps et sous le même rapport, être et ne pas être dans un même sujet.

Principe de causalité
Ce principe permet de rendre intelligible le devenir, car si toute chose a une cause, alors une raison permanente d'un phénomène peut être trouvée. En supposant ainsi qu'une cause produit toujours le même effet, la raison dispose d'un critère de connaissance.

Catégories du raisonnement
Plusieurs philosophes (Kant, Renouvier, etc) ont cherché a établir les cadres conceptuels de la raison et à comprendre selon quelles catégories nous formulons des jugements : unité, pluralité, affirmation, négation, substance, cause, possibilité, nécessité, etc. La possibilité d'une catégorisation achevée et complète supposerait que la pensée humaine soit immuable dans ses principes. Elle supposerait donc une raison identique à elle-même et sans dynamisme au niveau de ses normes qui seraient inchangeables. On peut au contraire estimer qu'il est possible de faire la genèse de la raison, genèse qui nous ferait voir comment se sont constituées ces catégories. Cette opposition, raison constituée - raison en devenir, est, très schématiquement, l'opposition du rationalisme et de l'empirisme.

La raison scientifique
Rationalisme et empirisme

Le rationalisme identifie la raison aux principes que nous avons énoncés. Cette raison est donc un système, et il est le même chez tous les hommes (voir Descartes, Discours de la méthode). Cette raison est aussi la lumière naturelle par laquelle nous saisissons les idées innées que Dieu a mis en nous : la vérité est en nous, préformée, a priori et constituant le fond de notre pensée. De ce point de vue, l'esprit humain est mis en rapport de manière particulière avec le divin ; en effet, dans certaines doctrines, la raison humaine peut se fondre en Dieu (Malebranche, Spinoza, etc). Ainsi l'homme ne pense-t-il pas, mais est pensé en Dieu par l'intermédiaire de sa raison. C'est cette thèse extrême du rationalisme que combattra Thomas d'Aquin, opposé sur ce point à Siger de Brabant.

A l'opposé, l'empirisme n'admet pas que la raison soit constituée de principe a priori. La raison est une tabula rasa sur laquelle s'impriment les données de l'expérience. La connaissance venant donc entièrement de l'expérience, il n'y a que des principes a posteriori. Ainsi Locke combat-il contre Descartes dans son Essai sur l'entendement humain. L'étude des principes de la raison se fera alors à partir de la sensation, de l'habitude, de la croyance, de la succession régulières d'impressions, de l'association d'idée, etc.

Ces deux perspectives sur la nature de la raison ne sont pas absolument inconciliables. Le rationaliste peut abandonner les idées innées, et admettre l'expérience ; l'empirisme peut admettre l'existence de principes innés. Chacune de ces deux doctrines est en fait incomplète. Le rationaliste, en fondant l'esprit humain sur la seule raison identique à elle-même, ne rend pas compte de tous les processus irrationnels qui se manifestent dans la pensée. Mais, d'autre part, l'empiriste nie toute activité de l'esprit, et n'admet pas qu'un principe d'ordre puisse être inné, laissant ainsi la pensée à la contingence de l'expérience. Or, on constate que la raison a une certaine puissance d'ordonnancement.

Puissance normative de la raison
Selon Aristote (Métaphysique, livre A), le rôle du philosophe est d'ordonner. En effet, le philosophe est celui qui consacre sa vie à la pensée ; il pèse et évalue toute chose. Par suite, il fait la lumière sur ce qui était obscur et y met bon ordre. Le philosophe, c'est donc, parmi les hommes, la raison même. Au-delà des catégories déjà constituées de la raison, véritable système de vérités qui peut être socialement institué, le philosophe se sert de la raison comme puissance constituante : il sape l'ancien ou l'assimile, bâtit sur de nouveaux fondements et crée de nouvelles normes, une nouvelle raison. Dès lors l'activité de la raison dynamique se confond avec l'activité même du philosophe : il invente, crée, organise, synthétise, résout, etc. Bref, philosophe et raison sont des principes d'ordre.

Normes rationnelles et morales
Dans la mesure où la raison énonce des normes, elle nous donne des règles d'action qui régulent notre comportement. Elle nous permet ainsi de voir clairement le but que nous voulons atteindre et de mettre en œuvre des moyens adéquats. Mais elle nous donne aussi les moyens de vivre en accord avec nous-même, avec les principes que nous nous sommes fixés pour conduire notre vie. En ce sens, elle nous permet de discerner les valeurs morales et leur hiérarchie : elle nous montre d'une part ce que nous acceptons, admirons, recherchons, et d'autre part ce que nous ne pouvons tolérer, ce que nous refusons et rejetons. C'est là sa fonction morale discriminante.

Limites de la raison, l'irrationnel
La raison donne des normes ; mais est-elle l'autorité suprême en ce domaine ? Ce qu'elle nous fait connaître est-il infranchissable ? En tant que système de principes, il est certain que la raison ne se laisse pas dépasser par des prétentions à une connaissance supra-rationnelle. Mais, à elle-seule, elle ne nous fait rien connaître, car l'expérience est nécessaire. Ainsi la matière même de l'expérience est-elle déjà une première limite à la raison. Mais nous ne pouvons pas non plus affirmer avec certitude que ce que nous pensons selon les règles de la raison soit a priori conforme à la réalité en soi. La réalité et ses lois peuvent nous échapper en grande partie, si bien que la raison est confrontée à une résistance de la part d'une forme de non-rationalité de la réalité : la normativité de la raison n'explique pas la totalité du monde.

Raison et foi
La science nous donne les moyens de parvenir jusqu'à un certain point à la connaissance du monde naturel. Nous avons vu quelles limites pouvait avoir la raison.
Ces limites ne sont pas les mêmes en théologie. En effet, dans ce domaine de connaissance, la foi nous permettrait de dépasser le donné naturel et de nous élever à une connaissance surnaturelle.

La connaissance que les Français ont de la philosophie de René Descartes leur vient par l'étude du Discours de la Méthode dans les cours de philosophie qu'ils ont reçus au lycée ou lors de leurs études supérieures. Le Discours de la méthode fut le premier ouvrage de philosophie publié en français, d'où sa notoriété. C'est dans cet ouvrage que l'on trouve la fameuse formule « Cogito, ergo sum » (je pense, donc je suis, le cogito). En fait Descartes a précisé sa pensée dans les Méditations métaphysiques (1641), dans lesquelles on trouve des réflexions sur l'existence de Dieu (Méditation troisième et Méditation cinquème). Rappelons le contexte de l'affaire Galilée (1627). Il n'est pas étonnant que l'Église, encore enfermée à cette époque dans une conception étroite de la pensée scolastique, se soit opposée à une conception de la croyance en Dieu qui s'appuyait par trop sur l'observation par l'expérience et sur les raisonnements scientifiques (lois de Kepler sur le mouvement des planètes, gravitation universelle, héliocentrisme...).

Au XIXe siècle, certains (comme Kierkegaard, philosophe danois) pensent que c'est la foi, plus que la raison, qui est essentielle. L'expérience de la foi de Kierkegaard, vécue dans la souffrance, lui fait ressentir l'incertitude, alors que l'on pourrait croire que la raison apporte la certitude.

En 1942, le théologien Henri de Lubac donne Kierkegaard comme exemple de foi dans le Drame de l'humanisme athée.

Il n'est pourtant pas nécessaire de faire cette expérience de souffrance pour faire l'expérience de la foi : nous avons reconnu plus haut les limites de la raison. Parvenu à ces limites, nous n'avons plus de principe d'explication, et nous sommes confrontés à l'altérité radicale du monde. En recherchant l'origine de cette altérité, certains l'expliqueront par l'hypothèse d'un Dieu créateur, d'autres ne formuleront aucune hypothèse, d'autres encore nieront l'existence de tout principe divin.

Dans tous les cas, la croyance que l'on choisit n'est manifestement pas entièrement rationnelle.

La question du rapport entre la foi et la raison est développée dans l'encyclique pontificale Fides et Ratio. Cette encyclique constate l'écart entre les deux termes, elle donne un éclairage sur les différents courants philosophiques de ces deux derniers siècles, et souligne les apports de la linguistique et de la sémantique dans le monde contemporain.

THEORIE DE LA SEDUCTION

Occultée pendant 70 ans, de 1897 à 1967, la théorie de la séduction a été considérée comme fondamentale dans la psychanalyse par Sigmund Freud lui-même qui l'a conçue comme la "source du Nil" (caput Nili) de la névrose dans l'étiologie de l'hystérie 1.
Cette occultation venait de Freud lui-même qui a abandonné sa théorie de la séduction. Cette théorie met en relation une réalité effective - la séduction, exprimée dans des faits directement observables et quantifiables - et une théorie à plus grande portée qui peut rendre compte de la totalité de la psychopathologie et de la genèse du sujet humain doté d'un inconscient et d'une sexualité à travers la notion de "refoulement".

Sommaire

• 1 Théorie de la séduction restreinte et généralisée
• 2 L’abandon de la théorie de la séduction (neurotica)
• 3 Les errements et erreurs de l'ami Wilhelm Fliess
o 3.1 Conclusion
• 4 Référence
• 5 Bibliographie

Théorie de la séduction restreinte et généralisée
Cette théorie de la séduction "restreinte" se rapporte à la réalité effective elle-même. La théorie de la séduction "généralisée", elle, concerne les répercussions lointaines de cette réalité effective par un "effet de l'après-coup" où un événement traumatique du passé lointain est interprété à la lumière du présent et provoque alors une souffrance telle qu'il est refoulé dans l'inconscient et enfoui dans un passé qui ne cesse pas d'être présent. Elle est généralisée par l'extension de l'idée de séduction, de perversion et de l'application au-delà de la seule psychopathologie.
Aux débuts de Freud, la séduction était infantile et se présentait comme des "scènes" retrouvées, remémorées et reconstruites par le sujet, grâce à la méthode analytique, que Freud vérifiait et contre-vérifiait auprès de l'entourage du sujet à la manière des enquêtes policières.
Par séduction, il s'agissait des événements d'une expérience sexuelle précoce où un enfant a été confronté passivement et prématurément au surgissement d'une sexualité d'adulte. En d'autres termes, un enfant se situe dans un état d'immaturité, d'impréparation, d'insuffisance ou d'incapacité par rapport à l'expérience qui lui arrive avec un adulte. Cette immaturité, impréparation, insuffisance ou incapacité se rapporte à la fois au développement biophysique et au développement psychosexuel.
Ce qui fait traumatisme est l'état d'impréparation: le caractère fortuit dans la névrose traumatique d'adulte et l'immaturité psychosexuelle chez l'enfant. Dans les deux cas de figure, alliés à l'impréparation sont l'aspect arbitraire de l'attentat sexuel et l'impuissance physique et mentale à s'y opposer.
Cet état d'impréparation, chez Freud, est une totalité psycho-somato-affective encore insuffisante chez un enfant à son stade de développement qui ne lui permet pas d'intégrer adéquatement ce qui lui advient.
Autrement dit, un certain "état infantile" des fonctions psychiques et du système sexuel, pas nécessairement de pure chronologie, est nécessaire pour qu'une expérience sexuelle fortuite, arbitraire et inéluctable se développe plus tard par un effet de l'après-coup comme souvenir, une action pathogène.
Le partenaire obligatoire de la séduction est l'adulte. Ce qui exclut la séduction des jeux sexuels que pratiquent les enfants entre-eux. Pour Freud, l'adulte n'est pas n'importe lequel, mais un adulte "pervers" dans son double sens de déviance quant à l'objet dans la pédophilie et de déviance quant au but dans l'arbitraire et la coercition de l'acte sexuel. Jusqu'à l'abandon total de sa théorie de la séduction, Freud tenait fermement au caractère pervers du père de l'hystérique.
Le scénario général pourrait être le suivant: un individu "A" fait une demande affective de tendresse à laquelle un individu "B" donne une réponse sexuelle et voire génitale. Le caractère d'impréparation ou de fortuité est dans la réponse sexuelle inattendue par rapport à la demande affective sur le plan psychique et dans l'immaturité sexuelle sur le plan physique. Le carac-tère de perversion (per-version ou version parallèle) est dans le détournement de l'objet sexuel "normal" et dans le détournement du but de l'accord à un désaccord par l'arbitraire et la contrainte physique ou morale.
Le postulat pose une partie passive, faible et démunie et l'autre partie active, autoritaire et puissante. D'autre part, l'individu "B" peut faire une demande sexuelle et voire génitale à laquelle l'individu "A" donne une réponse affective de tendresse.
Ce qui pose problème dans la séduction restreinte de la réalité effective est la ponctuation ou découpage en élément premier dans la circularité de la demande-réponse, comme la circularité de l'œuf et la poule où l'œuf qui conduit à la poule est aussi exact que la poule qui conduit à l'œuf.
Puisque Freud postule la passivité de l'enfant par rapport à l'activité de l'adulte, c'est ce dernier qui prend l'initiative, l'invite et fait des avances par les gestes et les paroles. Freud décrit la séduction comme une agression, une irruption ou une intrusion violente dans une relation univoque et unilatérale d'agresseur-agressé, d'émetteur-récepteur.
Comme un train peut cacher un autre, ce qui pose problème dans la séduction généralisée à une théorie du refoulement dans l'inconscient est que derrière une scène s'en profile une autre qui en laisse pressentir une troisième et ainsi de suite jusqu'à une improbable première scène originelle.
Comme le processus géologique de sédimentation, il s'agit d'une sucession de couches et d'interprétations fantasmatiques a posteriori ou après-coup qui peuvent se contaminer mutuellement ou se déteindre ou se teindre réciproquement les unes et les autres.
Ce qui pose problème aussi est la perversion dans la multiplicité des versions parallèles ou déviances possibles où cette psychopathologie est à réviser et resituer dans l'errance de la sexualité humaine, dans la précarité et l'interchangeabilité de ses buts et dans l'étrangeté et l'inaccessibilité de son objet. Ces problèmes posés ou objections révèlent une théorie complexe de la séduction qui se déploie sur trois registres étroitement solidaires et complémentaires : le temporel, le topique et le traductif.
Le registre temporel est resté, c'est la théorie de l'après-coup ou du traumatisme en deux temps. Elle postule que ce qui s'inscrit dans l'inconscient est seulement ce qui est dans la relation entre deux événements séparés dans le temps et par un moment (aussi bien comme instant que comme rapport de forces) de mutation permettant au sujet de réagir autrement qu'au premier événement.
Au premier temps est l'effroi, frayeur ou grande peur qui confronte le sujet non-préparé à un acte sexuel hautement significatif, mais encore insignifiant, puisque le sujet est en état d'impréparation ou d'immaturité, c'est-à-dire un acte sexuel indéchiffrable, un acte sexuel dont la signification ne peut être assimilée. Laissé en attente ou mis de côté, le souvenir n'est pas en soi pathologique ou traumatisant. Il ne le deviendra que par sa remémoration, sa reviviscence, lors d'un second événement ou scène qui entre en résonance associative avec le précédent événement.
Au deuxième temps est une scène qui rappelle la première. Mais, du fait des nouvelles possibilités de réaction, c'est le souvenir lui-même - et non pas la nouvelle scène fonctionnant comme déclencheur - qui fonctionne comme une nouvelle "sources d'énergie libidinale" interne et auto-traumatisante. En d'autres termes, c'est le souvenir de l'agression sexuelle qui blesse plutôt que l'agression sexuelle elle-même à l'époque où elle s'est produite.
À ce deuxième temps auto-traumatique, l'issue n'est pas dans une liquidation dans l'oubli ou une élaboration normale du sujet envers une agression à laquelle il ne pouvait pas lutter contre, mais dans une "défense pathologique" ou "refoulement".
Dans l'élaboration normale, reconnaître son impuissance, c'est reconnaître la monstruosité de l'agression et de l'agresseur qui est souvent un adulte à respecter et la reconnaissance de cette monstruosité équivaut à l'irrespect, c'est-à-dire à transgresser un ordre qui est à la fois un impératif et un ordonnancement.
Pour ne pas créer un chaos externe dans la transgression de l'ordre, le sujet crée un chaos interne dans une stratégie quasi-militaire de "défense pathologique" ou "refoulement".
Lors de la première agression, le sujet ne pouvait pas se défendre par défaut de moyens adéquats. À la deuxième agression, le sujet a bien des moyens de se défendre contre la puissance extérieure agressive, mais il se trouve désarmé sur le front intérieur à blâmer le bourreau qui détient l'autorité symbolique et le pouvoir imaginaire, au “Nom du Père” et sous la “Loi du Père”.
Le registre topique est dans le front intérieur de la "Loi du Père" dont la transgression conduit au chaos externe et dont l'acceptation conduit au chaos interne de la "défense pathologique" ou "refoulement".
Le registre traductif est langagier où le refoulement est un défaut de traduction de l'inconscient au conscient et où cette traduction est aussi un passage à travers la barrière qui sépare deux moments psychiques. Ce registre traductif assimile le rapport des deux scènes entre elles à une réinscription et à une traduction (trans-ducere : conduire à travers) et le refoulement à un défaut partiel ou total de traduction.
Freud attribue une telle importance à la séduction dans la genèse du refoulement qu'il cherche à retrouver systématiquement des "scènes" de séduction passive aussi bien dans la névrose obsessionnelle que dans l'hystérie où il les a d'abord découvertes. La séduction dite passive ne signifie pas que le sujet a un comportement passif dans cette scène, mais désigne l'état d'impréparation corrélatif à l'état de passivité. Cette passivité se rapporte aussi à l'initiative prise ou non par l'une des parties. Or, nous savons tous qu'une initiative ne peut avoir lieu qu'à un moment propice et dans un contexte adéquat.
Freud oppose l'étiologie de la névrose obsessionnelle où l'agression comporte une nuance de participation dans le plaisir de l'acte sexuel à l'étiologie de l'hystérie où séduction et passivité seraient évidentes d'emblée. Mais, cette opposition symétrique est sujette à caution sans graduations fines de l'activité à la passivité et sans répartitions adéquates dans l'enchaînement des actes et des scènes. Finalement, la théorie de la séduction "restreinte" ou "restrictive" est celle d'avant 1897 qui présente de grandes forces et de grandes faiblesses.
Ces forces sont dans les relations étroites entre la théorie et les données tirées de l'expérience analytique, dans les registres temporel, topique et traductif et dans la capacité explicative sur un large éventail du champ de la psychopathologie.
Ces faiblesses sont dans la restriction de la séduction à des "scènes" où l'interaction des parties actives participantes est réduite au couple activité-passivité et dans la restriction de la perversité à des adultes où il devrait y avoir nécessairement plus de "pervers" à la génération des parents que de "névrosés" à la génération des enfants. Enfin, la plus grande faiblesse est sans doute la remontée de scène en scène jusqu'à la scène originelle qui livrerait la clé révélatrice.
Une théorie de la séduction "généralisée" “a posteriori” ou après-coup (de la période 1964-1967) est l'ambition d'étendre la séduction et la perversion pour remédier aux faiblesses et renforcer les forces de l'après-coup et du traductif, du langagier à la linguistique et à la sémiotique.
La séduction ne serait plus un couple action-réaction, mais un mode d'interaction où il n'y aurait plus de personne séductrice et de personne séduite, mais des personnes qui participent à la séduction à la fois infantile et parentale dans la relation parents-enfant. La perversion serait des erreurs d'interprétation ou des versions parallèles. La topique ne serait plus énergétique des pulsions d'attaque interne, mais sémiotique du sens, en tant qu'orientation, pertinence et signification.
La temporalité de l'après-coup garderait sa fécondité, mais la figure majeure de la séduction infantile se déplacerait du père à la mère à travers le maternage des soins et de l'alimentation.
Freud a été conduit progressivement à mettre en doute la véracité des scènes de séduction et à abandonner cette théorie de la séduction en découvrant que ces scènes de séduction sont parfois des reconstructions fantasmatiques et cette découverte est corrélative de la mise à jour progressive de la sexualité infantile. L'après-coup est simplement un travail d'archéologue qui raconte la vie d'une population à partir des fragments de poterie ou du commentateur sportif qui raconte un match de hockey à partir des traces laissées sur la glace par les lames des patins.

L’abandon de la théorie de la séduction (neurotica)
La restriction de la théorie de la séduction à la psychopathologie, la dislocation et le démembrement des registres temporel, topique et traductif ont amorcé cet abandon consacré par la répudiation de cette théorie par Freud lui-même qui l'a considérée comme appartenant à une période révolue. Cet abandon ou sabordage est-il une autocensure ? S'il l'est, de quelle censure s'agit-il ?
Les données tirées de l'expérience analytique étaient une suite d'incestes, de viols et d'agressions sexuelles brutales à l'ombre très respectée des familles bourgeoises de Vienne au tournant de ce siècle. Les récits de ces "scènes" feraient rougir de pudeur et pâlir de jalousie les pornographes les plus aguerris.
Pendant son séjour à Paris et en suivant les cours de Jean-Martin Charcot sur l'hystérie, du 3 octobre 1885 au 28 février 1886, Freud a suivi les conférences et assisté aux autopsies de Brouardel à la morgue de Paris sur des cas de viol et d'assassinat d'enfant ou de violence sexuelle accompagnée de violence physique (Jeffrey Moussaieff Masson, 1984, pp. 35-72, "Le réel escamoté. Le renoncement de Freud à la théorie de la séduction", Aubier, Paris.).
Le séjour de Freud à Paris a été peut-être d'une plus grande importance historique dans la genèse de la psychanalyse que lui-même ne le pensait ou ne voulait admettre. Il y fut un témoin de première main des traumatismes sexuels réels éprouvés lors de l'enfance qui sont autant de "preuves" sur lesquelles il a édifié sa thèse de 1896 (abandonnée ensuite) où des traumatismes sexuels réels éprouvés sont au cœur même de la maladie névrotique.
Cet abandon exprime cette phrase curieuse tirée de la préface de Freud au livre du capitaine John Gregory Bourke "Scatologic Rites of All Nations": (à propos de Brouardel)
• "[…] Il avait l'habitude de nous montrer par le matériel post-mortem qui était à la morgue, combien de choses méritaient d'être connues par les médecins, mais que la science préférait ignorer" (op. cit. 1984, p. 52).
À cette époque, un "attentat à la pudeur" était un viol sans pénétration dont les victimes étaient des enfants pauvres, surtout des petites filles, trois raisons nécessaires et suffisantes pour ignorer (dans la signification anglaise de ne pas vouloir savoir), et la littérature médico-légale en était rempli, comme l'atteste "L'étude médico-légale sur les SÉVICES ET MAUVAIS TRAITEMENTS EXERCÉS SUR DES ENFANTS" d’Ambroise Tardieu.
Il s'agissait de maltraitance exercée le plus souvent sur des personnes les plus démunies (femmes et enfants pauvres) par des personnes en position d'autorité (père, mère, maître d'école ou patron). Généralement, c'est comme ceci :
• "[…] un excellent et parfait honnête homme, père de famille, justement honoré et absolument incapable d'une action infamante, s'était laissé prendre dans un traquenard de ce genre. Cet homme avait été accusé d'avoir tenté de violer une petite fille. L'enfant et sa famille étaient pauvres, de condition très modeste et pour cette raison même, cupides aux yeux de Fournier" (op. cit. 1984, p. 62).
En suivant les conférences et les autopsies de Brouardel sur le corps d'enfants, morts, victimes de sévices, souvent des mains d'un parent, Freud aurait pu voir et savoir des choses que la science préférait ignorer et aurait pu avoir peut-être le sentiment de toucher l'intouchable et de nommer l'innommable.
Le séjour de Freud à Paris (1885-1886) lui a peut-être inspiré l'élaboration de la théorie de la séduction, mais il a aussi contribué en partie à son abandon pour, dit-on aujourd'hui, éviter le scandale qu'elle provoquerait. Freud hésitait, dans sa définition de l'abus sexuel entre un excès d'activités sexuelles et une agression sexuelle, impressionné par ce qu'il avait vu lors des démonstrations de Brouardel à la morgue de Paris.
Comme excès d'activités sexuelles, Freud incluait dans l'abus sexuel toute sexualité déviée de sa fonction procréatrice, comme la masturbation, le coït interrompu du retrait avant l'éjaculation et le rapport sexuel avec préservatif ou condom. Comme agression sexuelle, Freud incluait dans l'abus sexuel toute violence sexuelle accompagnée de violence physique ou morale d'une contrainte physique ou morale sur une personne à un rapport sexuel fortuit ou indésiré de la pédophilie, du viol et de l'inceste.
La communalité dans ces trois cas de figure est le rapport bourreau-victime par la contrainte physique ou morale et la différence est dans l'âge et la proximité ou la familiarité dans les structures de parenté. De retour à Vienne, entre 1894 et 1900, Freud trouvait en Wilhelm Fliess un ami intime, un confident, un collaborateur et un contradicteur. Freud connaissait et admirait Fliess depuis 1887.
Les errements et erreurs de l'ami Wilhelm Fliess [modifier]
Fliess partageait les idées de Freud sur l'importance de la sexualité (masturbation, coït interrompu et utilisation des préservatifs) dans l'étiologie de ce que l'on appelait "névroses actuelles", c'est-à-dire manifestes et agissantes, comme la neurasthénie et des symptômes d'angoisse.
Les deux hommes étaient persuadés que les problèmes sexuels, particulièrement la masturbation, jouaient un rôle-clef dans le déclenchement des maladies névrotiques. Ils étaient aussi persuadés des déplacements qui intervenaient dans ces maladies, déplacements physiques vers le nez chez Fliess (médecin oto-rhino-laryngologiste) et déplacements psychologiques chez Freud, c'est-à-dire une substitution du problème réel et douloureux par quelque chose d'inoffensif pour canaliser l'angoisse en oblitérant le chemin vers sa source effective.
L'intérêt de Fliess se limitait aux symptômes physiques et à une étiologie physique, tandis que celui de Freud s'orientait vers les névrose obsessionnelle dans les symptômes psychologiques et une étiologie psychologique. À cette époque la "névrose" était un concept qui devait surtout délimiter une maladie psychique organique d'une maladie "psychogénlétique, le cas d'Emma Eckstein est à ce titre significatif. Elle souffrait d'hystérie et ses troubles ne pouvaient donc être rattachés à une cause somatique. Fliess, comme médecin oto-rhino-laryngologiste, reliait lui directement la sexualité au nez et écrivait :
• "[…] Les femmes qui se masturbent souffrent généralement de dysménorrhée. Elles ne peuvent être guéries que par une opération sur le nez, si elles renoncent à cette mauvaise habitude " (op. cit. 1984, p. 75).
Freud, comme médecin était tiraillé entre cette scandaleuse hystérie honnie de sa corporation, entre son envie de trouver une cause organique à la névrose et son amitié avec Fliess. l'approche de ce dernier permettait, pensait Freud de faire le lien entre somatique et psychologique ce n'est qu'après l'opération d'Emma Eckstein, l'une de ses premières analysée qu'il le réalisa. L'opération n'a pas été une réussite et cette femme portait des séquelles jusqu'à sa mort en 1924. Pour des symptômes de menstruations irrégulières et douloureuses et parce qu'elle disait se masturber parfois, Emma Eckstein fut défigurée et souffrait d'atroces douleurs à la suite d'une opération pratiquée par Fliess, opération chirurgicale que Freud eu de la pein à reconnaiîte comme ratée et inopportune (cf. à ce sujet son rêve de L'injection faite à Irma. Emma Ekstein est malgré tout devenue psychanalyste elle même.
Freud attribuait à l'hystérie les réactions fortes de cette femme contre cette opération. L'histoire de la théorie de la séduction élaborée par Freud, son rapport avec l'opération d'Emma Eckstein et l'abandon de cette théorie par Freud sont intimement liées à l'histoire de la relation entre Fliess et Freud.
Après son séjour à Paris (1885-1886) et de retour à Vienne, Freud rencontra en 1887 Fliess qui exerça sur Freud une grande influence émotionnelle, intellectuelle et scientifique pendant les années qui suivirent. Pour l'oto-rhino-laryngologiste, les problèmes sexuels sont de l'ordre du nez et il y tenait tellement jusqu'à présenter un article médical sur la "névrose réflexe nasale" au 12ème Congrès de Médecine Interne à Wiesbaden en juin 1893.
Freud, dans la correspondance qui s'ensuivit, lui retorqua qu'on ne peut négliger l'étiologie sexuelle. Fliess a suivi l'avis de Freud et admet l'abus sexuel qui demeurait principalement la masturbation. Emma Eckstein en fit les frais.
Progressivement, la prépondérance chez Freud du facteur psychologique (à la fois dans l'étiologie et la thérapie) devait exclure une étroite collaboration avec Fliess. Freud s'embarquait dans un nouveau type de recherche et y trouve un grand nombre d'agressions sexuelles. Ce qui fit basculer sa définition de l'abus sexuel d'un excès de sexualité à une agression sexuelle.
Freud était sur la piste de quelque chose de beaucoup plus important; les "séductions" infantiles et découvrait que Katharina, la fille de l'aubergiste, a été victime d'un attentat sexuel vers l'âge de treize ou quatorze ans commis par son propre père. Sur la face cachée de l'histoire d'Emma Eckstein était une agression sexuelle subite à 13 ans dans une boutique. L'analyse a révélé un autre souvenir d'une autre agression sexuelle survenue plus tôt vers l'âge de 8 ans. Freud conclut à un souvenir suscitant un affect que l'incident lui-même n'avait pas suscité. Entre temps, les changements provoqués par la puberté ont rendu possible une nouvelle compréhension des faits remémorés. Il a fait remarquer qu'un souvenir refoulé s'est transformé en traumatisme seulement après-coup. Freud s'est servi du cas d'Emma Eckstein pour expliquer le refoulement.
La position théorique de Freud était que les symptômes hystériques de la période de latence après 8 ans ou lors de l'adolescence représentent presque invariablement les effets d'une agresion sexuelle subie plus tôt dans la petite enfance.
Freud subissant lui-même l'effet d'après-coup de son séjour parisien à la morgue de Paris avec Brouardel. Freud fut convaincu que les souvenirs d'Emma Eckstein étaient réels et se rapportaient à quelque chose qui s'est effectivement produit et se préoccupa des premiers événements réels ainsi que des traumatismes et de leurs effets sur la vie émotionnelle ultérieure de la victime. La nouvelle théorie fut exposée publiquement pour la première fois le 30 mars 1896 par un article intitulé "L'Hérédité et l'étiologie des névroses" dans la "Revue Neurologique", périodique français, en hommage à Charcot et à ses disciples. Les mots "psychanalyse" et "psychonévrose" y sont mentionnés pour la première fois.
Freud a présenté, en allemand, un nouvel article encore plus percutant "Bemerkungen über die Abwehrneuropsychosen" ou "Nouvelles remarques sur les psychoses de défense" Il note que les filles sont plus souvent victimes d'agressions sexuelles. Mais, pendant cette période, Fliess prenait une toute autre direction et cette divergence est importante dans le renoncement de Freud à sa théorie de la séduction.
Freud a acquis la certitude que l'auteur des attentats sexuels sur de jeunes enfants (essentiellement des petites filles) était le père et qu'en aucun cas il fallait “accuser” le “père” (lettre publiée à Fliess du 21 septembre 1897 avec les italiques de Freud lui-même). Les italiques montrent la nécessité de blâmer la victime pour disculper le bourreau. Pour cela, il faudrait déplacer les souvenirs vers les fantasmes et parler de séduction où c'est la victime qui provoque les attaques sexuelles du bourreau. Le plus souvent, cette victime était une femme ou une petite fille et le bourreau était son père.
Le gibier levé par Freud était trop gros ou l'idée novatrice était trop nouvelle pour avoir l'adhésion de Wilhem Fliess et de Joseph Breuer, deux hommes très importants pour Freud, son ami et son maître.
De plus le scandale des "histoires sales" était trop grand pour inciter à renoncer. Les agressions sexuelles décrites par Freud dans les textes de 1896 devinrent "fantasmes d'enfants" ou "mensonges de femmes hystériques" et les attaques brutales des "excès de tendresse parentale". L'abandon de la théorie de la séduction pourrait s'illustrer par un changement de devise, de la devise "Qu'est-ce qu'ils t'ont fait, pauvre enfant" à celle de "En voilà assez avec les histoires sales".
Sándor Ferenczi (1873-1933) fut l'ami et le disciple le plus proche de Freud. Contrairement à Freud, Ferenczi s'obstinait à faire confiance à l'exactitude des histoires d'attentat sexuel survenu dans l'enfance plutôt que de les rejeter comme fantasmes des enfants ou de mensonges des femmes hystériques.
Ce qui lui a coûté l'amitié de Freud et l'ostracisme de la part des analystes importants de l'époque jusqu'à la fin de ses jours. Ferenczi explique qu'au désir de tendresse et d'affection de l'enfant répond le besoin qu'a l'adulte d'une gratification sexuelle à tout prix. Ce qui se traduit par un double langage de la tendresse et de la passion dans la confusion entre l'enfant et les adultes.
En d'autres termes, à une demande d'affection et de tendresse chez l'enfant, l'adulte répond par la sexualité des activités génitales. Alors, l'agression réside dans le quiproquo d'une réponse inattendue et indésirée par rapport à la demande. L'agression est aussi dans la contrainte physique et morale.
En tant qu'attentat et rapport de forces, la séduction est une forme de haine plutôt que d'amour. Cette séduction est généralement accompagnée de violence dans le viol et donne à l'enfant l'idée d'un lien entre la sexualité et la violence, provoquant ainsi chez l'enfant des effets désastreux de honte et de culpabilité et dans sa capacité d'aimer plus tard ainsi que dans sa sexualité sous des formes perverties.
Finalement, à la théorie de la séduction délaissée, Freud a substitué le complexe d'Œdipe dans lequel la "séduction" de l'attentat réel s'est déplacée vers un fantasme d'inceste, cette fois mère-fils plutôt que père-fille. Ainsi, Freud s'éloigna de la brutale réalité sociale dont il fut un témoin privilégié à la morgue de Paris, en suivant les conférences et les autopsies de Brouardel et en lisant les écrits de Fournier, de Tardieu et la littérature médico-légale.

Conclusion
En cela, Freud a renoncé à accuser le père (comme il a écrit à Fliess dans la lettre du 21 septembre 1897 avec les italiques de Freud lui-même) en renonçant à sa théorie de la séduction. Alors, il fallait blâmer la victime et faire porter l'odieux aux femmes et aux enfants pour cause de provocation aux attaques sexuelles.
Débarassée de l'emprise de la sexualité freudienne, la Théorie de la séduction revit dans le traumatisme à deux temps principiel avec le syndrome psychotraumatique et avec l'affect d'André Green du border line des états-limites.

CONTRE-TRANSFERT

Dans la cure psychanalytique, le contre-transfert désigne le sentiment conscient qu'éprouve l'analyste en réaction aux sentiments inconscients ressentis par l'analysé dans le travail d'analyse. Ces sentiments de contre transfert facilitent chez l'analyste la compréhension de la nature du conflit intrapsychique vécu par l'analysé dans son travail d'analyse et son interprétation dynamique en vue de l'amélioration de son état.

Sommaire

• 1 Cadre
• 2 Technique de l'analyse
• 3 Théories du contre-transfert
• 4 Référence
• 5 Voir aussi


Cadre
Il faut différencier le contre-transfert d'un sentiment relationnel classique. Il s'agit d'un phénomène spécifique à l'analyse, et à son cadre : le transfert désignant l'analyste sur le modèle de relations infantiles, le contre-transfert est la réaction de l'analyste à cette désignation, et qui prend sa source dans des problématiques inconscientes. Le contre-transfert sera cependant utilisé dans la théorisation de psychothérapies d'inspiration psychanalytique, utilisant la métapsychologie comme référent théorique.

Technique de l'analyse
Le contre-transfert est d'abord perçu comme un obstacle de plus à l'analyse : le psychanalyste aura du mal à interpréter, ses émotions entreront en jeu. Mais le contre-transfert se révèle par la suite un outil majeur pour l'analyste : à partir de ces vécus émotifs, l'analyste peut comprendre dans quelle position le met l'analysant, l'analyse du transfert étant le point central de la thérapie.
Le contre-transfert se révélera ainsi un point majeur de l'analyse, et notamment de l'analyse des psychoses.

Théories du contre-transfert
Pour Carl Gustav Jung transfert et contre-transfert sont indissociables; ils participent de la même dynamique archétypique de l'espace intersubjectif créé par la rencontre thérapeute-patient.
Du côté de la compréhension lacanienne, transfert et contre transfert sont divisions théoriques d'un même phénomène de rencontre.
D'autres psychanalystes, qui usent en général de la théorie de la relation d'objet, comprennent le contre transfert en s'appuyant sur des concepts tels que celui d'identification projective.
Le mot projection peut avoir plusieurs significations :
• en mathématiques :
o en géométrie, une projection ;
o en algèbre linéaire, une projection orthogonale ;
o en algèbre relationnelle, une projection est opération utilisé en informatique sur des tables de bases de données ;
• en cartographie, la projection cartographique est un ensemble de techniques permettant de représenter la surface sphérique de la Terre sur la surface plane d'une carte ;
• en psychanalyse, la projection est un mécanisme de défense décrit par la psychanalyse. ;
• en optique, la projection d'image permet de réaliser des illusions d'optique, voir lanterne magique;
• en cinématographie, la projection d'un film consiste à le diffuser à un public.
• en peinture, la projection est une technique consistant à jeter la peinture à distance sur la toile pour lui donner une forme intéressante et inattendue.

TRANSFERT (psychanalyse)

Le transfert est un phénomène découvert par Sigmund Freud au cours de son travail sur l'hystérie avec Joseph Breuer. Il en a fait le pilier de la science qu'il a fondée alors, la psychanalyse.
Il s'agit dans la cure psychanalytique de la projection, par l'analysé, du contenu de l'inconscient sur la personne du psychanalyste qui lui apparaît alors dotée de qualités bien différentes de sa réalité. C'est par l'analyse de ces projections que le processus analytique va aboutir, au fil du temps, à une prise de conscience progressive des problématiques auxquelles l'analysant est confronté.

Sommaire

• 1 Le transfert selon Freud
o 1.1 Un processus habituel dans les relations humaines
o 1.2 Transfert et répétition
o 1.3 Transfert et amour
• 2 Jung et le transfert
• 3 Le transfert chez Lacan
• 4 Evolutions récentes sur le transfert
o 4.1 Séduction et transfert
o 4.2 Le transfert adhésif
o 4.3 La chimère transférentielle
o 4.4 La psychose de transfert
• 5 Voir aussi
o 5.1 Article connexe
o 5.2 Bibliographie
o 5.3 Liens externes

Le transfert selon Freud
Contrairement à ce que l'on pense généralement, la notion de transfert n'a pas été inventée par Freud mais reprise par lui à des chercheurs qui tentaient d'expliciter ce qui se passait dans l'apprentissage, qu'il s'agisse d'une tâche à reproduire ou d'un contenu théorique à intégrer. En définissant cette notion de transfert, les physiologistes E.H. Weber (1834) puis R. Kleinpaul (1884) ont mis en évidence l'importance de la notion de représentation dans cet effort d'apprentissage.
Le transfert sera repensé comme névrose particulière à la cure psychanalytique : la névrose de transfert.

Un processus habituel dans les relations humaines
En transposant la notion de transfert dans la cure psychanalytique, Freud cherche d'abord dans les Études sur l'hystérie à comprendre ce qui résiste chez les patients dans la cure analytique, c'est à dire ce qui empêche le patient d'atteindre le but qu'il s'était fixé en venant consulter.
Freud rappelle d'abord que le transfert qu'il décèle dans la cure psychanalytique n'est qu'une exacerbation de phénomènes que l'on rencontre souvent dans la vie courante : «La faculté de concentrer l'énergie libidineuse sur des personnes doit être reconnue à tout homme normal. La tendance au transfert que nous avons rencontré dans les névroses (…) ne constitue qu'une exagération extraordinaire de cette faculté générale.» (Introduction à la psychanalyse). Mais dans le dispositif établi entre le psychanalyste et le patient, cette capacité générale au transfert prend un tour particulier : elle tend à se focaliser sur la personne du psychanalyste. Ceci s'explique notamment par l'attente de guérison qui a motivé la cure. Le patient plaçant ses espoirs dans le psychanalyste se trouve placé comme en position infantile à l'égard de celui-ci. Cette analogie avec la situation première du sujet, quand celui-ci dépendait de l'amour de ses parents pour survivre va déclencher une série d'associations, de résistances tout en constituant un moteur qui va faciliter le dénouement des symptômes.

Transfert et répétition
Le transfert n'est pourtant pas une pure répétition de la situation parentale. Au contraire, la demande de cure est, déjà, une prise de conscience explicite ou implicite, que quelque chose se répète dans la vie du sujet. La demande de cure est donc un premier coup d'arrêt à cette répétition vécue comme subie jusqu'alors. À partir de l'entrée en cure les symptômes, même répétés, sont interrogés et examinés d'une autre façon, ils ne sont plus pures répétitions mais variations d'un même problème, d'une même matrice intervenant dans la vie du sujet. En effet, dans la cure, les symptômes sont parlés, racontés, il sont l'objet d'un effort d'élucidation qui leur donne un autre statut, ils sont représentés, élaborés et perlaborés.

Transfert et amour
Il en est de même de l'amour de transfert. Ce qui motive le patient c'est l'amour de la vérité nous dit Freud. Le transfert n'est qu'un moyen d'y parvenir — et parfois un obstacle. C'est en effet dans le cadre de ce transfert que vont se réveiller chez le névrosé les dimensions non résolues de la situation œdipienne. Mais là encore, il ne saurait s'agir d'une pure répétition car c'est au psychanalyste qu'a affaire le patient. Dans la mesure où le désir de l'analyste reste énigmatique le rapport identificatoire qui avait été d'abord établi peut se dissoudre et le risque de dépendance qu'a pu craindre (et parfois désirer) le sujet peut être dépassé.

Jung et le transfert
S'il est bien un point sur lequel Carl Gustav Jung n'a jamais contesté l'apport de Freud, c'est sur l'importance capitale du transfert dans le processus analytique. Cependant l'approche que Jung fait du transfert est significativement différente de celle de son aîné sur au moins deux points :
• Déjà, pour Jung, le transfert ne se réduit pas à la névrose de transfert décrite par Freud. Il ne s'agit pas, pour Jung, d'un phénomène pathologique qu'il s'agirait de réduire par l'analyse, mais d'un phénomène naturel dans la relation entre deux êtres humains, phénomène qui résulte du déploiement des dynamiques archétypiques entre deux personnes.
• Ensuite Jung ne considère pas que le transfert puisse être simplement appréhendé comme étant un mouvement à sens unique, de l'analysant vers l'analyste, mais bien plutôt comme un mouvement à double sens, qui implique tout autant la personnalité de l'analyste que celle de son patient. Ainsi la distinction freudienne entre transfert et contre-transfert n'a pas, dans la pensée jungienne, la même place que dans la pensée freudienne. Les jungiens réserveront ce terme à ce qui, de l'analyste, participe aux résistances, c'est-à-dire à la façon dont l'analyste fait inconsciemment obstacle à la poursuite du processus analytique.
Jung a consacré au transfert un ouvrage (1946), Psychologie du transfert, où il fait la synthèse de son approche de ce phénomène intersubjectif.

Le transfert chez Lacan
Jacques Lacan reprend pour beaucoup la conception Freudienne du transfert, en y renforçant quelques points. Lacan oppose le « transfert symbolique » au « transfert imaginaire »:
• Pour Lacan, le transfert est d’ordre symbolique, car sa force se trouve dans la fonction où l’analysant pose l’analyste, qu’il l’aime ou le déteste est secondaire.
Le transfert est fondamentalement en lien avec un autre connaissant. Sachant que l’analyste est un « sujet supposé savoir » pour Lacan, il dit que le transfert n’est autre que de « l’amour qui s’adresse à du savoir ».
• Pour Lacan, le transfert dit imaginaire est un obstacle, dans le sens où ce n’est qu’immobilisme du sujet. En effet, le sujet agit dans l’analyse pour ne pas avoir à dire, et plus le sujet résiste, et plus la répétition s'oblige à lui.

Evolutions récentes sur le transfert
Séduction et transfert

Jean Laplanche a repris la première idée de Freud au sujet de l'hystérie : un trouble psychique causé par une séduction sexuelle de l'enfant par un adulte. Il en a fait une théorie, la séduction originaire qui suppose que le bébé est séduit par la part sexuelle inconsciente de l'adulte sur lui, d'où il s'ensuit le refoulement originaire, soit l'avènement de l'inconscient tel que défini par Freud. Dans la relation analyste-patient ce processus se rejoue, permettant la reprise des troubles narcissiques profonds.

Le transfert adhésif
C'est en étudiant l'autisme que Frances Tustin a décrit une modalité particulière du transfert qu'elle a nommée transfert adhésif. Dans cette situation l'autisme se comporte comme si l'analyste était une part de lui-même, dont il ne peut aucunement se vivre séparément : la séparation est vécue comme un véritable arrachement physique, avec une angoisse envahissante entraînant soit des crises clastiques soit le retrait du monde. Ce type de transfert peut aussi se retrouver au décours de l'analyse d'une personne non autiste ni psychotique, quand des blessures de la toute petite enfance sont réveillées.

La chimère transférentielle
C'est un concept avancé par Michel de M'Uzan pour décrire une modalité particulière du contre-transfert où l'analyste est aux prises avec un type de pensée qu'il a appelée pensée paradoxale, soit une pensée se présentant comme venant de l'entre-deux du transfert plus que de la psyché même de l'analyste.

La psychose de transfert
Pendant longtemps les psychanalystes ont pensé que le transfert était uniquement une affaire de névrose, la névrose de transfert telle que décrite par S. Freud. Depuis il a été décrit des modalité de transfert particulières au travail psychanalytique avec les psychotiques, ces modalité pouvant d'ailleurs se retrouver avec des patients non psychotiques, ce qui a conduit de nombreux analystes à penser qu'il existe en chacun une part psychotique de la personnalité.

LA RESILIENCE

OUTILLEZ VOS ENFANTS POUR LEUR FUTUR RÔLE D’ADULTE

Notre qualité de vie adulte dépend en grande partie de ce que nous avons développé comme ressources personnelles au cours des expériences vécues. Que ce soit au travail ou dans notre vie personnelle, notre façon de réagir au stress et de s’adapter positivement aux changements est conséquente des outils acquis en cours de développement. À cet effet, on dit de quelqu’un qui a de bonnes capacités de s’adapter aux situations génératrices de stress et aux changements, qu’il a développé de la résilience.

Bien que nous ayons toute une vie pour développer différents aspects de nous-mêmes, il n’en reste pas moins que l’enfance est une période privilégiée pour acquérir plusieurs outils. Comme parents, nous avons donc un rôle important dans le développement de la résilience chez nos enfants. Notre attitude peut faire toute une différence.



Éviter la surprotection physique
et psychologique


Qu’elle soit physique ou psychologique, la surprotection d’un enfant diminue ses chances de développer ses propres moyens de faire face à ses expériences. Tout comme le système immunitaire a besoin d’être confronté à l’environnement pour se renforcer, le système cognitif a besoin de s’entraîner dans la réalité pour développer sa capacité à gérer le stress ainsi que sa capacité à s’adapter au changement.

En tant que parent, nous souhaitons protéger nos enfants de tout dommage qui peut leur être causé. Cela est normal et sain. Toutefois, il faut faire la distinction entre protéger et surprotéger. Protéger, c’est tenir nos enfants hors d’un danger réel. Surprotéger, c’est tenter de garder nos enfants à l’écart de toutes difficultés susceptibles de se présenter.

La surprotection découle souvent de nos propres peurs et de nos propres besoins adultes. Il est donc important de se questionner sur l’attitude qu’on adopte vis-à-vis nos enfants.


Par exemple :

• Votre enfant a un échec scolaire, vous sursautez et appelez immédiatement son professeur pour avoir des explications, est-ce de la protection ou de la surprotection? N’y aurait-il pas lieu d’abord de vous asseoir avec votre enfant et d’avoir sa version des faits?

• Plutôt que de lui expliquer un conflit familial dont il a conscience de toute façon, vous faites fi de toute cette situation vis-à-vis lui. Êtes-vous en train de le protéger ou au contraire de le priver d’une occasion de préciser ses craintes et ses besoins?

Qu’apprendra votre enfant de ces situations s’il n’est pas impliqué?

Il est important d’accompagner l’enfant dans ce qu’il vit mais il est tout aussi important d’éviter d’inhiber toutes les difficultés qui peuvent être présentes dans son contexte de vie.


Encadrer sans étouffer

Devant une difficulté que vit votre enfant, il est important de le laisser sentir que vous êtes là et de lui offrir de l’écoute lorsqu’il parle de ses difficultés. Toutefois, il est bon de l’encourager à trouver lui-même ses propres solutions. Vous pouvez, bien entendu, discuter des solutions qu’il envisage mais il doit sentir qu’il est capable d’avoir un pouvoir personnel sur la situation donnée. Il est important aussi de renforcer les décisions qu’il prend en vous arrêtant avec lui pour regarder les conséquences positives et plus néfastes des actions qu’il a posées ou compte poser.

S’il ne semble pas croire qu’il a du pouvoir sur la situation, ne le laissez pas s’enliser dans une position de victime. Écoutez ses difficultés vis-à-vis cette situation et voyez avec lui comment il peut se donner des moyens pour que ce soit plus tolérable. Ne lui imposez pas ce que vous voyez vous-mêmes comme solution mais laissez-le réfléchir à ses propres solutions. Comparez cette situation avec une autre qu’il a réussi à surmonter et voyez alors avec lui ce qu’il avait trouvé comme solutions.


Ne pas encourager la fuite des difficultés

Une difficulté à laquelle on refuse de faire face ne s’en ira pas d’elle-même. Même si le contexte peut changer avec le temps et transformer la situation, le malaise personnel qui s’était installé peut rester présent très longtemps. N’encouragez donc pas la fuite. Si, par exemple, votre enfant décide de ne plus vouloir aller à son cours de natation, demandez-lui la raison. Vous vous apercevrez bien souvent qu’il a peut-être un conflit avec un petit copain ou encore qu’il n’arrive pas à faire un certain mouvement, etc. Si la natation est un intérêt qu’il entretient depuis un bon moment, il serait surprenant qu’il le perde subitement. Ce sera souvent une difficulté sous-jacente qui l’incitera à abandonner. Et même s’il choisit le karaté en échange de la natation, il conservera l’impression de ne pas être à la hauteur face à la difficulté qu’il a rencontrée.


Se questionner mais ne pas se culpabiliser

En tant que parents, il est bien entendu que notre attitude est fortement dépendante de ce qu’on a développé soi-même comme outils. Même si on peut rationnellement savoir quoi faire, il n’en demeure pas moins que, dans la réalité de tous les jours, beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte dans nos actions et réactions. Se culpabiliser et viser la perfection ajoutent aux soucis quotidiens et n’aident personne. Se questionner de temps en temps sur notre attitude et reconnaître nos forces et limites personnelles sont les seules attentes qu’on puisse avoir vis-à-vis soi et qui, du même coup, donnent le meilleur exemple à nos enfants.


France Boucher, psychologue

LA MORALE

La morale est un ensemble de règles de conduite, de relations sociales, qu'une société se donne et qui varient selon la culture, les croyances, les conditions de vie et les besoins de la société ( en dehors d'un "noyau dur" de morale universelle: tuer, violer, nuire... est immoral).

Sommaire

• 1 Morale et Éthique
• 2 Citations
• 3 Débats contemporains
• 4 Bibliographie indicative
• 5 Voir aussi
• 6 Liens externes

Morale et Éthique
En français, morale et éthique ont des sens proches et sont souvent confondus.
Ainsi le Petit Larousse donne les définitions suivantes :
Morale (du latin mores, mœurs) :
• Ensemble des règles d'action et des valeurs qui fonctionnent comme norme dans une société,
• Théorie des fins des actions de l'homme,
• Précepte, conclusion pratique que l'on veut tirer d'une histoire.
Éthique, Philosophie (du grec ethikos, moral, de éthos mœurs) :
• Doctrine du bonheur des hommes et des moyens d'accès à cette fin,
• Ensemble particulier de règles de conduite (syn. morale),
• Partie théorique de la morale.
Ainsi, le mot éthique serait plus utilisé dans un sens philosophique et théorique.
L'éthique peut aussi être définie comme "une réflexion sur les bonnes habitudes à contracter pour rendre un monde humainement habitable".
Quant à la déontologie, (gr. deon, -ontos, ce qu'il faut faire, et logos science), c'est la science qui traite des devoirs à remplir, sur un plan professionnel.
S'intéressant à l'éthique d'entreprise, le philosophe André Comte-Sponville (dans le capitalisme est-il moral, Albin Michel), pour éviter de mettre la morale à toutes les sauces, distingue donc quatre ordres, parmi lesquels on trouve l'ordre moral et l'ordre éthique.
Pour préciser la distinction entre morale et éthique, il se réfère à Spinoza et à Kant : il entend par morale tout ce qu'on fait par devoir (de l'ordre de la volonté), et par éthique tout ce qu'on fait par amour (de l'ordre du sentiment).

Citations
«Nous n'avons besoin de morale que faute d'amour » (André Comte-Sponville, le capitalisme est-il moral ?, Albin Michel)
Clément Rosset donne cette définition de la morale : « J'appelle morale toute forme de pensée qui sacrifie à la tentation de mettre entre elle et le réel le rempart d'une représentation quelconque d'idée ou de mots dont Marcel Aymé dit qu'ils ont l'étrange pouvoir de tenir à distance les vérités les plus éclatantes ». (Clément Rosset - Le monde et ses remèdes éditions PUF)
Quand Proudhon définit la morale, il écrit : « La Justice est le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti de la dignité humaine en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve compromise et à quelque risque que nous expose sa défense. »
Pour Rimbaud : "La morale est la faiblesse de la cervelle". Acquise sans aucune réflexion, elle s'imprime en nous à nos dépens. Elle est un danger si elle n'est atténuée par la pensée raisonnable.
Pour Charles Péguy : "La morale est un enduit qui rend l'homme imperméable à la grâce."
Pour Paul Ricoeur : « C'est par convention que je réserverai le terme d' « éthique » pour la visée d'une vie accomplie sous le signe des actions estimées bonnes, et celui de « morale » pour le côté obligatoire, marqué par des normes, des obligations, des interdictions caractérisées à la fois par une exigence d'universalité et par un effet de contrainte. »

Débats contemporains
• l'éthique de la responsabilité dans le domaine technique et scientifique (Hans Jonas),
• la Responsabilité sociale des entreprises,
• la bioéthique,
• l'éthique des affaires,
• les droits de l'homme,
• la tolérance.
• le moralisme ou le rigorisme, formes intégristes de la morale.

Bibliographie indicative
• Le Traité des vertus, Le paradoxe de la morale Vladimir Jankélévitch
• Pour un catastrophisme éclairé Jean-Pierre Dupuy
• Le capitalisme est-il moral ? André Comte-Sponville, Albin Michel (2004)
• Le Principe Responsabilité, Hans Jonas
• Phédon, Platon
• Éthique à Nicomaque, Aristote
• Les politiques, Aristote
• Lettres, Épicure
• La République, Cicéron
• Des Lois, Cicéron
• Des biens et des maux, Cicéron
• Des devoirs, Cicéron
• Manuel, Entretiens, Épictète
• De la vie heureuse, Sénèque le Jeune
• Contre les moralistes, Sextus Empiricus
• Contre le mensonge, Augustin d'Hippone
• Traité des passions, Descartes
• Traité de morale, Malebranche
• Éthique, Spinoza
• Fondation de la métaphysique des mœurs, Kant
• Métaphysique des mœurs, Kant
• Critique de la raison pratique, Kant
• Essai philosophique concernant l'entendement humain, Locke
• Essais de théodicée, Leibniz
• Déontologie ou science de la morale, Bentham
• Fondements de la morale et de la religion, Maine de Biran
• Système de l'éthique, Fichte
• Les deux sources de la morale et de la religion, Henri Bergson
• Traité de la nature humaine, Hume
• Enquête sur les principes de la morale, Hume
• Justine ou les malheurs de la vertu, Sade
• Principes de la philosophie du droit, Hegel
• Le Fondement de la morale, Schopenhauer
• L'unique et sa propriété, Stirner
• L'utilitarisme, Mill
• Les bases de la morale évolutionniste, Spencer
• L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Weber
• Le formalisme en éthique et l'éthique matérielle des valeurs, Scheler
• Aurore, réflexions sur les préjugés moraux, Nietzsche
• Par-delà bien et mal, Nietzsche
• Généalogie de la morale, Nietzsche

LA TRISOMIE 21

Note de synthèse sur la trisomie 21
(Ch. Rouleaud, d'après une note de synthèse de Mme Guichard, enseignante spécialisée)

Qu’est-ce que la trisomie 21 ?

La trisomie est liée à la présence d’un chromosome supplémentaire sur la 21° paire qui entraîne au sein de la cellule une série de désordres somatiques et psychologiques : la déficience mentale n’est qu’un aspect plus ou moins prononcé. Il existe toute une symptomatologie supplémentaire qui comprend des anomalies du morphotype, un retard psychomoteur, des troubles du sommeil, des troubles métaboliques, du tonus musculaire, de la préhension, du langage et de la croissance.
On est ou non trisomique : c’est la loi du tout ou rien, mais cette loi n’exclut en rien les différences entre individus.
Chaque personne trisomique est unique ; il est aussi fondamentalement différent de nous, personnes « normales » .
Les différentes formes de trisomie 21 n’entraînent pas vraiment de différence au niveau éducatif.

A/ Conséquences de la trisomie sur le plan mental et intellectuel.

1/ Les possibilités d’abstraction (traitement de l’information)
L’enfant trisomique a un excès d’esprit d’analyse au détriment de l’esprit de synthèse.
( « Esprit en kaléidoscope » )
Il perçoit principalement certains éléments d’un objet : il lui manque la globalisation et la généralisation.

2/ Le mode de raisonnement.

Il est différent du nôtre, car, nous raisonnons de manière cartésienne.
Souvent, quand on pose une question à un enfant trisomique, celui-ci donne une réponse qui semble n’avoir aucun lien direct avec la question posée mais ceci n’est pas un non-sens : il scotomise les étapes du raisonnement.
L’enfant raisonne par évocation ou par analogie ce qui donne à la conversation un aspect décousu alors qu’en réalité un raisonnement logique existe.
Il convient de respecter ce mode de raisonnement en permettant à l’enfant d’acquérir un minimum de raisonnement cartésien nécessaire à la vie sociale.
3/ L’imagination.

Elle doit être cultivée pour une vie intérieure plus riche mais aussi afin d’accéder à la vie culturelle environnante.
Il s’agit de l’aider à discriminer les « situations jouées » des « réelles » et de l’amener à varier ses productions qu’il a tendance à répéter.

4/ Le temps de latence.

Le temps de réponse à une question d’un enfant trisomique est important ; ceci est inhérent à son handicap. Ce temps ne doit pas être confondu avec un non-savoir : il convient de ne pas le précipiter. Cette latence peut s’éduquer mais restera néanmoins présente.
(Facteurs possibles : brouillage synaptique, affectivité importante, difficultés d’adaptation aux formes de langage, déficiences motrices bucco-faciales.

5/ Le problème de la surprotection

Les parents ont le plus souvent une attitude de surprotection face à leur enfant. Celle-ci part d’un bon sentiment mais empêche souvent l’enfant d’évoluer, de s’intéresser et de s’intégrer.
Plus un enfant a de difficultés, plus l’intégration demandera des efforts importants : la Société ne faisant généralement pas de pas vers l’enfant, c’est à lui de le faire.
Cette éducation sociale doit commencer dès la petite enfance (présentation, habillage, hygiène, intégrité corporelle.
Il ne faut surtout pas le marginaliser en le surprotégeant ni le mettre en situation d’échec ; mais il faut lui apprendre à assumer les risques de la vie (courir et tomber ; se battre et prendre des coups ... ). Là est la clé d’une autonomie vraie.
L’enfant trisomique appartient souvent à une fratrie dans laquelle il doit être intégré ; il est donc soumis aux mêmes règles de vie.
Les frères et les sœurs ne sont ni les parents ni les éducateurs : il faut éviter que l’un d’eux prenne la fonction de répétiteur ou de défenseur.
Le diagnostic doit être expliqué à tous sans dramatisation ; si des problèmes surviennent il ne faut pas hésiter à avoir recours à une aide extérieure.
(Dans une famille avec un enfant trisomique, une vigilance accrue auprès des autres enfants est nécessaire)

6/ L’attitude en miroir.

L’enfant trisomique ne s’oppose pas à son entourage mais il trouve une apparente satisfaction à l’imiter :
ce mécanisme est dangereux, car insidieux et fait plaisir aux parents et est donc encouragé.
Cette attitude ne lui permet pas de se forger une personnalité structurée, individualisée : il reste à la phase d’identification (il pense, veut et aime comme ses parents (sa mère)).
Il est important de lui donner la possibilité de dire « Moi, je... ».

7/ La fatigabilité de l’enfant trisomique.

Cette fatigabilité existe mais les enfants trisomiques savent très bien l’exploiter.
Ils sont, par exemple, étonnamment résistants lors de promenades, de soirées festives, etc...

En séance de travail, la fatigabilité se manifeste de 2 façons :
sur le mode actif : instabilité, déconcentration
sur le mode passif : se referme sur lui-même, assoupissement.

Dans les 2 cas, un changement d’activité fait cesser cette fatigabilité.

8/ La labilité d’attention.

L’attention est labile et dispersée et ce d’autant plus qu’il est jeune.
Il est important de varier les modalités d’un même exercice.

9/ L’apathie.

Elle est très variable d’un enfant à l’autre mais souvent présente face à l’apprentissage.
Il convient de rester ferme face à l’enfant sur ce que l’on attend de lui tout en l’aidant à réussir.

10/ Le manque de confiance en soi.

Il peut provenir de la conscience qu’ils ont de leur handicap et/ou de la surprotection dont ils font l’objet.
Il faut leur montrer qu’ils sont « capables » . ( après un échec, un succès doit suivre immédiatement )
Il faut parfois passer par « l’épreuve de force » quand il y a refus de faire quelque-chose dont on est sûr de la réussite ; l’enfant doit pouvoir s’appuyer sur quelqu’un de fort, de certain. (C'est un test à ne pas manquer )

B Conséquences de la trisomie sur le langage.

Le langage est au cœur du problème de l’apprentissage ; l’intégration sociale dépend en grande partie de son évolution.
On peut classer les troubles en 3 catégories.

1/ Les troubles ordinaires

Les troubles articulatoires dus à :
morphologie buccale (implantation dentaire, lèvre inférieure hypotonique)
motricité bucco-faciale (hypotonie des joues, langue, lèvres ; déglutition infantile)
troubles articulatoires proprement dit (absence de constrictives : F S CH V Z J)

2/ Des particularités.

Les difficultés de structuration spatiale ( schéma corporel acquis vers 6 ans ; latéralité à 9 ans ; décalage entre compréhension et réalisation)

3/ Des spécificités.

Hypotonie linguale, timbre de voix
Temps de latence
Difficultés de synthétisation particulières et mode de raisonnement particulier (phrases agrammaticales, confusion genre/nombre, peu ou pas de conjugaison, accords difficiles, ...)
Difficultés d’adaptation aux situations nouvelles

C Les troubles musculaires

1/ Hypotonie musculaire

déficit ni constant ni global (rééducation nécessaire)

2/ Déficience de la main et trouble de la préhension

main potelée, petite, courte et large
geste involontaire et malhabile (nécessite une éducation spécifique et systématique)

3/ Les troubles de tonus musculaire, de tonus de l’action et de réflexe de rattrapage sont majorés par des troubles du psychisme.

Stress devant la difficulté (tétanie des muscles, ... )
appréhension de l’espace difficile

D Quelques problèmes médicaux
1/ Le risque d’obésité : le régime
2/ La cardiopathie ( 50% à la naissance )

Beaucoup de ces pathologies sont curables ( intervention avant 3 ans )
3/ Les rhino-pharyngites.

E Facteurs positifs d’appui pour l’apprentissage
1/ Le dynamisme affectif


L’importance de la relation affective est un facteur de progrès si elle est utilisée avec respect et discernement.

2/ L’appétence

L’enfant trisomique a une grande envie d’apprendre et de communiquer aux autres ce qu’il sait.
Il ne provoque pas les situations éducatives mais est heureux de les trouver, de les dépasser et de prouver à lui-même et aux autres qu’il a été capable de faire ce qu’on a demandé ( de plus, il demande à ce que cette situation agréable se renouvelle ) .

3/ L’opiniâtreté.

Dès qu'il a découvert qu’il était capable d’apprendre

4/ Le goût du jeu.

Il est important de le faire passer dans la phase de symbolisation et de représentation et être ferme sur l’obligation de cette forme d’apprentissage.

5/ Le goût de la compétition.

Il faut aussi lui apprendre que perdre, n’est pas dramatique et qu’on ne peut pas gagner tout le temps.
Utilisé à bon escient, cet esprit peut être un bon stimulant.

6/ La facilité à acquérir des automatismes.

À manier avec une extrême modération, car le risque est grand d’un apprentissage par répétition sans intériorisation.
Ne pas créer de situations où les exigences sont trop lourdes ce qui peut entraîner des troubles du comportement.

F Les apprentissages
1/ La lecture


Il n’est pas nécessaire d’attendre que tous les prérequis nécessaires à l’apprentissage de la lecture soient en place pour commencer à apprendre à lire à l’enfant trisomique sinon, on risque de ne jamais commencer.
Il vaut mieux susciter le goût, le désir et le besoin de lire.
Chaque stratégie de lecture doit être travaillée et pas seulement celle de « l’utile » .
Il n’est pas sensé d’imposer la lecture silencieuse compte tenu des difficultés d’abstraction déjà citées, car la lecture à voix haute est pour lui une façon de se dire le texte pour mieux s’en imprégner et se donner le temps de le comprendre.
La lecture est un excellent support du langage qui s’enrichit et s’imprègne des composants et structures complets de la phrase.
Il y a un blocage avec les majuscules qui focalisent toute leur attention. Le plus simple est de les éviter et d’aller à la ligne à chaque fin de phrase en gommant le point.

2/ Les mathématiques

Avec les jeux éducatifs et les exercices didactiques.
Dans les jeux, il est important de minimiser les facteurs moteurs
La rigueur est impérative
Tout doit être vérifié et réappris
La progression ressemble à celle de l’Ecole Maternelle en étant plus fine et plus rigoureuse, car on ne peut pas compter, ici, sur l’auto-apprentissage de l’enfant
La manipulation : l’intelligence doit pouvoir s’exercer sans l’utilisation de l’outil graphique.
L’abstraction qui permet la transposition de l’apprentissage est indispensable
L’accompagnement parlé par l’adulte favorise la mentalisation du geste
Les échanges lors des exercices sont très riches
Donner priorité à l’exercice et non à la réussite
Procéder par tâtonnement dirigé
Supprimer un jeu pour ne pas laisser s’installer des automatismes
Faire fonctionner les enfants dans des activités supérieures ( ZPD ) .
La réalisation doit être conforme avec la consigne demandée
Diversifier au maximum les types d’activités
Rendre l’enfant critique par rapport à l’adulte et par rapport à lui-même.
Quelques jeux utilisés :
jeux de cartes (traditionnel, chiffres, constellations, symboles, images, ... )
dominos (couleurs, constellations, chiffres, formes, ... )
jeux de formes (grandeurs, couleurs, tableaux, ... )
les cubes (alignements, positionnements, reproductions, ... )
baguettes et bâtons de différentes couleurs, grandeurs et grosseurs.
encastrements, puzzles
etc, ...

3/ L’éveil

Instruction civique : règle de vie de l’école, de la classe, se présenter, situer sa famille, son environnement, donner ses préférences, ses goûts personnels, ...
Histoire : reconstitution de sa propre vie depuis la naissance, connaissance de la famille
Sciences : observation réelle et imagée d’animaux (catégorisation), l’alimentation (le régime, les saveurs, ...) , plantation de graine (vie, mort, maladie, soin, ...) .

4/ Le graphisme et l’écriture

C’est un apprentissage essentiel qui pose le plus de difficultés (avec la numération).
Voir les exercices d’entraînement du livre « Pour un apprentissage structuré de l’écriture » d' Octor et Kaczmarek.
L’accès à l’écriture cursive est rare, il est plus raisonnable de travailler en script
L’écriture guidée est une phase importante (repasser sur un tracé peu visible)
Ecrire sur les lignes, respecter les grandeurs, l’espace entre les mots est difficile à respecter.

HYSTERIE

Les symptômes de l'hystérie simulent une pathologie organique pour laquelle aucune anomalie physique (en particulier neurologique) n'existe. L'association de manifestations permanentes ou récurrentes, fréquemment des paralysies, des troubles de la parole ou de la sensibilité, et d'autres transitoires, crises pseudo-épileptiques, comas psychogènes constitue la forme classique de cette maladie.
Ces symptômes sont très souvent associés à un trouble de la personnalité marqué (théâtralisme, personnalité histronique). Les phénomènes caractéristiques de l'hystérie sont susceptibles d'être reproduits par autosuggestion et l'étiologie de l'hystérie indissociable de sa représentation sociale a beaucoup évolué avec les progrès théoriques que son étude a suscités et la psychiatrie moderne préfère la notion de trouble somatoforme.

Sommaire

• 1 L'évolution d'un concept
o 1.1 Psychiatrie
o 1.2 Études sur l'hystérie
o 1.3 Psychosomatique
o 1.4 Trouble somatoforme
• 2 Hystérie et féminité
• 3 Modèle métapsychologique
o 3.1 Traumatisme réel et conversion hystérique
o 3.2 Traumatisme psychique
o 3.3 Œdipe et bisexualité
o 3.4 Hystérie, théâtralité et sublimation
• 4 Voir aussi
• 5 Bibliographie
• 6 Liens externes

L'évolution d'un concept
Psychiatrie

Le terme d'hystérie vient du médecin grec Hippocrate, qui inventa ce mot pour décrire un concept qu'il apprit des Égyptiens.
Le terme est dérivé du mot grec hysteron, signifiant l'utérus. L'hystérie fut en effet, jusqu'aux travaux du neurologue Charcot, considérée comme intimement liée à l'utérus; la théorie admise étant que celui-ci se déplaçait dans le corps, créant les symptômes.

Études sur l'hystérie
L'hystérie était liée à Freud avant même que la psychanalyse ne naisse ; c'est l'hystérie qui a révélé à Freud la névrose.
Dès 1883, Joseph Breuer raconte à Sigmund Freud, alors neurologue, comment il avait pris en charge une de ses patientes, Anna O., qui souffrait de troubles hystériques. L'intérêt de Freud est éveillé, et en 1885, il se rend à Paris dans le service de Charcot, qui propose déjà plusieurs avancées théoriques quant à l'hystérie.
En 1893, Freud et Joseph Breuer publient des Communications préliminaires ; l'approche en est celle de souvenirs pathogènes qui déclencheraient l'hystérie, et qui peuvent être soignés par l'application de la catharsis. Freud élabore les notions de psychonévrose de défense ou de libido. Deux ans plus tard sont publiées les Études sur l'hystérie.
Si le modèle psychanalytique n'est pas réellement en place, puisque lui manquent alors des concepts essentiels, tout un corpus théorique se formule pourtant, ensemble conceptuel qui sera repris et retravaillé tout au long de l'histoire de la psychanalyse.
La psychanalyse actuelle utilise toujours la notion d'hystérie, bien qu'un certain travail de délimitation ait eu lieu.

Psychosomatique
La psychanalyse, par la suite, sera amenée à différencier l'hystérie d'autres troubles psychosomatiques. Si le principe de conversion semble au premier regard le même, il y a plusieurs différences essentielles.
La différence principale est structurelle et essentielle selon le point de vue de la psychopathologie psychanalytique. Si l'hystérie est une névrose, d'autres troubles psychosomatiques ne peuvent pas être compris en se référant uniquement à la structure névrotique. Ce sont des cas de pathologies limites, se situant entre névrose et psychose, sans qu'aucune de ces deux structures ne soient satisfaisantes quand il s'agit de décrire le fonctionnement psychique du patient.
On le devine, le modèle du passage de psychique à corporel n'est pas le même. Dans l'hystérie, c'est la conversion hystérique, qui implique une histoire psychique et une forme symbolique d'expression. Le symptôme corporel, tel que la paralysie, se laisse analyser et révèle le passé psychique.
Dans les troubles psychosomatiques, le symptôme implique bien plus un rejet de la vie psychique. Ce que le psychique, même inconscient, ne prend pas en charge, les représentations donc qui sont déniées, forcloses de la vie psychique, provoqueront des troubles médicaux, mais sans signification inconsciente. L'analyse dans ce cas, devra passer, selon Joyce McDougall, par une hystérisation des symptômes.
En psychanalyse, l'hystérie ne recouvre donc pas tout trouble physique inexplicable par une affection médicale autre que psychique. Il s'agit d'une structure à part entière.

Trouble somatoforme
La psychiatrie évolua dans son approche de la psychopathologie. Si elle employa un temps le terme d'hystérie, ce concept tomba récemment en désuétude, accusant le coup d'une grille de lecture foncièrement différente.
La psychiatrie reconnaît dorénavant un trouble somatoforme qui n'est pas synonyme d'hystérie, et il s'agit d'en entendre les différences.
Dans la Classification internationale des maladies (CIM), il y a donc un trouble somatoforme. Ce trouble est alors compris comme trouble névrotique, et mis aux côtés de troubles anxieux tels que la phobie. Ce classement, phénoménologique, conserve donc certains aspects de la psychopathologie en cours dans la psychanalyse.
Mais dans le DSM-IV, le trouble somatoforme constitue une catégorie à part entière, regroupant tant le trouble somatoforme lui-même que, par exemple, l'hypocondrie. Le trouble somatoforme n'est pas donc situé dans la même catégorie que le trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive : le trouble somatoforme n'est, dans le DSM, pas un trouble de l'anxiété - mais il est, simplement, un trouble somatoforme.
Le DSM ne saurait donc être critiqué quant à un abandon factice du terme de névrose : ce qu'il propose se veut une approche athéorique et réellement différente.

Hystérie et féminité
L'erreur d'Hippocrate et des Égyptiens fut de ne restreindre les symptômes qu'à la femme, d'où le mot hystérie (utérus en grec).
Le fait est que la pathologie est restée fortement associée à la féminité et, en particulier, au XIXe siècle quand elle a été étudiée par Jean-Martin Charcot et Sigmund Freud qui en ont donné l'image la plus visible aujourd'hui.
Les psychanalystes ont considéré que l'hystérie était probablement une pathologie fortement associée aux femmes non parce que les femmes y seraient plus sensibles que les hommes mais parce que, dans des sociétés où la femme est opprimée et où la féminité est réprimée, les femmes l'utilisent comme médium pour exprimer leur malaise psychologique profond sous l'influence de la société qui oriente leur peine vers une expression de type hystérique. Cette hypothèse bien que semblant appuyée sur une explication séduisante, n'est pourtant pas démontrée. Elle expliquerait pourquoi il semble y avoir des effets de mode ou des épidémies d'hystérie dans certaines sociétés et à certaines époques, et pourquoi l'hystérie a beaucoup regressé en Occident.
Aujourd'hui, étant donné le fait que l'on trouve bel et bien des hommes « hystériques », on préfère utiliser le terme histrionique (histrio, comédien en latin) ; ramenant le symptôme à un jeu d'acteurs, une exagération explosive d'émotions.

Modèle métapsychologique
L'hystérie fut le modèle historique de la névrose. Quelle en est la métapsychologie ?


Traumatisme réel et conversion hystérique
Freud commence par relever que le symptôme physique, s'il est relié à un trouble psychique, plus précisément s'enracine dans l'histoire psychosexuelle du sujet. L'hystérie serait la réponse corporelle à un traumatisme sexuel ; dans leur enfance, les hystériques auraient été séduites; et dans l'après-coup elles développent une hystérie.
C'est la première théorie, celle d'un événement réel cause d'un traumatisme psychique : la neurotica.
Quant à la conversion hystérique, elle suppose qu'une tension pulsionnelle inconsciente ne trouve, pour se décharger, que le corps ; mais il s'agit alors d'une expression symbolique de la représentation sexuelle refoulée. Dans Pulsion et destin des pulsions, Freud précise que ce destin pulsionnel, non seulement élimine la représentation insupportable, inconciliable avec les impératifs du conscient, mais de plus réussit à faire taire l'affect : c'est la belle indifférence des hystériques.
La répression de l'affect réussirait donc mieux dans l'hystérie que dans d'autres pathologies ; par exemple dans la phobie, si la représentation est refoulée, l'affect n'est lui que déplacé sur une autre représentation tout aussi inquiétante.

Traumatisme psychique
D'un traumatisme réellement vécu par l'hystérique, Freud décrira par la suite un traumatisme psychique ; il renonce donc à décrire un événement réel - ce qui lui semble impossible au sein de tant de familles. Mais il concède que le psychanalyste n'a aucun moyen pour faire la différence entre un fantasme et un souvenir réel.
Freud décrira donc des souvenirs écran. Il élaborera surtout un fantasme de séduction, l'un des fantasmes originaires, dans lequel l'hystérique pense reconnaitre l'origine de la sexualité. L'hystérique fonderait donc sa sexualité sur le fantasme d'avoir été séduite.
Cependant, Sándor Ferenczi reprochera à Freud l'abandon de cette neurotica. Dans Confusion des langues, il abordera la question d'une séduction réelle d'un enfant par un adulte, comprenant cette séduction comme la confusion de deux registres : celui de la sexualité génitale, qui est propre à l'adulte, et celui de la sexualité infantile. C'est la "Théorie de la séduction restreinte et généralisée" abandonnée par Freud et occultée pendant 70 ans, peut-être pour des raisons de convenance sociale et de rectitude politique (politically correct).

Œdipe et bisexualité
L'hystérie semble révélatrice du complexe d'Œdipe : la future hystérique, alors enfant, fantasme la relation sexuelle avec son père. L'hystérique entre dans le complexe d'Œdipe avec la castration : découvrant qu'elle n'a pas le phallus, découvrant la différence entre filles et garçons, elle cherche ce phallus chez son père, veut l'obtenir de lui. C'est là ce que Freud nomme l'envie du pénis, et qui peut également prendre la forme d'un désir d'enfant.
Le complexe propre à l'hystérie mérite d'être différencié du complexe d'Œdipe, puisque que c'est d'abord la mère qui est investie, puis, suite à la découverte de la castration, le père : ce complexe aboutit à une sexualité adulte différente, et on le nomme complexe d’Électre.
Mais l'hystérie garde toujours trace de la bisexualité ; comme elle ne vit, dans l'hystérie, que comme fantasme, il s'agit bien de la préciser comme bisexualité psychique. Cette bisexualité psychique sera un des fondements essentiels du comportement ; elle demeure cependant refoulée.

Hystérie, théâtralité et sublimation
Alors que les froides expériences de Charcot à la Salpêtrière s'apprêtent à initier une réflexion théorique sur l'hystérie dont est sortie la psychologie moderne, un poète, Baudelaire, comprend ce que l'artiste peut tirer de l'application consciente des phénomènes qui attirent ainsi l'attention des savants de son temps :
« L'hystérie ! Pourquoi ce mystère physiologique ne ferait-il pas le fond et le tuf d'une œuvre littéraire, ce mystère que l'Académie de médecine n'a pas encore résolu, et qui, s'exprimant dans les femmes par la sensation d'une boule ascendante et asphyxiante (je ne parle que du symptôme principal), se traduit chez les hommes nerveux par toutes les impuissances et aussi par l'aptitude à tous les excès ? »
La figure hybride du poète hystérique fait écho bien-sûr aux romans de l'époque (le fameux « Madame Bovary c'est moi » de Flaubert) mais Baudelaire, en définissant ainsi le projet d'une expérimentation volontaire d'une symptomatologie alors comprise comme essentiellement féminine, rompt avec la simple conversion connue des romantiques et des générations antérieures, inaugurant une pratique dont la trace se retrouve dans tout l'art ultérieur, des outrances littéraires de Lautréamont à celles de Dada, jusqu'à certaines de ses manifestations les plus contemporaines.
En psychologie, le terme d'hystérie collective (le terme de psychose collective est aussi utilisé dans la littérature), s'applique à des phénomènes où les mêmes symptômes, hystériques ou ayant les même caractères soudain et incontrôlable que l'hystérie, sont ressentis par un tout un groupe de personnes :
• réactions de panique ressenties par des foules, des populations entières, par exemple à la réception de nouvelles concernant des maladies. Ce genre d'hystérie collective n'est pas à proprement parler une forme collective d'hystérie.
• comportements d'excessif enthousiasme ou d'excessive adulation de la part d'un groupe (dont la manifestation la plus spectaculaire fut le phénomène Beatles).
• situations dans lesquelles tout un groupe présente les mêmes symptômes somatiques, sans cause organique.

Un cas fut observé en 1977 aux États-Unis, quand 57 membres d'un orchestre scolaire furent pris, après un événement sportif, de maux de tête, nausées, vertiges, évanouissements... Ne trouvant pas de cause organique, les chercheurs ont conclu à une réaction à la chaleur, dont avait été victimes quelques-uns de ces musiciens et qui s'était étendue aux autres par suggestion émotionnelle. Le terme de « réaction de stress collective » est aujourd'hui préféré pour parler de phénomènes de ce genre.

George Heuyer, dans une communication à l’Académie Nationale de Médecine qui date de 1954, émit l’hypothèse que les vagues d’ovni, étaient le fruit d’une psychose collective.

SUBCONSCIENT

Le subconscient est un concept qui appartient à plusieurs domaines. Le terme signifie "sous la conscience".

Sommaire

• 1 Subconscient dans la psychologie
o 1.1 Subconscient chez Pierre Janet
o 1.2 Subconscient chez Joseph Murphy
o 1.3 Inconscient de la psychanalyse
o 1.4 Inconscient et psychologie cognitive
• 2 Subconscient des neurosciences
• 3 Subconscient dans le bouddhisme

Subconscient dans la psychologie
Subconscient chez Pierre Janet
Subconscient chez Joseph Murphy
Inconscient de la psychanalyse

Dans la psychanalyse, l'inconscient est d'abord compris comme «ce qui fut refoulé». Ce sont des représentations inconciliables avec les exigences de la pensée transcendentale de l'inconscient, sortes d'idées dérangeantes et refoulatoires. Par la suite ce paradigme s'élargit paradoxalement, aboutissant à une définition contradictoire plus large de l'inconscient au sens étymologique : certaines représentations sont inconscientes et pourtant non refoulées.

Inconscient et psychologie cognitive
La psychologie cognitive considère des processus de pensée explicites, conscients et les oppose aux processus implicites, non-conscients.
Dans la psychologie cognitive et adaptative,l'implicite s'apparente au psychique de "bas-niveau" (le LSB), sauf lorsqu'il s'apparente au psychique de haut niveau (le MSB), non pas au sens moral, éthique ou social, mais au sens de cognition et binaire . Les processus conscients engagent plus de ressources psychiques, sont plus complexes, ou encore sont de haut niveau - mais en terme de calcul combinatoires.

Subconscient des neurosciences
S'il faudrait généralement renvoyer au concept d'implicite de la psychologie cognitive, les neurosciences considèrent cependant plusieurs points, dont :
• ce que connait un hémisphère cérébral peut être ignoré de l'autre. D'une part les hémisphères ne sont pas équivalents, mais spécialisés dans certaines tâches. Il faut également mentionner le cas neuropsychologiques de patients atteints de lésions entravant la communication intrahémisphérique : voir Split brain.

Subconscient dans le bouddhisme
La psychologie bouddhique décrit un courant mental qui n'est pas conscient, mais dépend de la conscience. Il s'agit d'un courant pouvant être traduit par subconscience et interconscience : bhavaṅga sota (voir Viññāṇa-kicca).

INCONSCIENT

L'inconscient est un concept utilisé par Sigmund Freud (1856-1939) dans sa théorie psychanalytique.
Avant lui, ce concept était déjà utilisé dans un sens voisin par des philosophes comme Nietzsche et Hartmann.
Il avait déjà été perçu par Leibniz au XVIIe siècle.

Sommaire
• 1 Définition
• 2 Origine
• 3 L'inconscient selon Lacan
• 4 Le concept freudien de l'inconscient
o 4.1 L'hypnose et l'association libre
o 4.2 Moyens d'investigation de l'inconscient
o 4.3 Les mécanismes de l'inconscient
• 5 L'idée d'un appareil psychique
o 5.1 Système de l'inconscient selon la première topique
o 5.2 Système de l'inconscient selon la seconde topique
• 6 Expérience scientifique
• 7 Inconscient individuel et collectif
• 8 Voir aussi
o 8.1 Liens connexes
• 9 Bibliograhie
• 10 Liens externes
• 11 Podcast de l'article

Définition
• Dans le sens commun, l'inconscient est tout ce qui n'est pas conscient. Cela peut-être compris comme ce qui n'est pas conscient à un moment donné ou comme ce qui est inaccessible à la conscience même dans le temps (pas totalement étant donné qu'on peut devenir conscient de quelque chose).
• D'après la théorie psychanalytique, l'inconscient est un maillage d'idées, de perceptions, d'émotions constituant le psychisme. Il ne s'agit pas simplement de l'opposition à la notion de conscience mais d'une structure réactive et dynamique. Par exemple, un changement à une des mailles provoqué par une perception peut entrainer des modifications sur une plus grande partie du psychisme. Cette structure fonctionne avec ou sans conscience ce qui peut paraitre contradictoire avec son nom.

Origine
Nos actes manqués (y compris les représentations qui sont des "actes psychiques" selon Freud) répondraient à des raisons, des désirs non formulés de façon intelligible, sans que l'on ait conscience de ces choix. Ceci pose quelques questions : quels sont ces désirs, comment apprendre ce qu'ils sont ? Pourquoi n'en avons-nous pas conscience ?
La psychanalyse est, entre autres, une méthode d'investigation des processus psychiques inconscients. Ceci, en premier lieu, rappelle l'intérêt du concept : un processus inconscient n'en est pas moins psychique, il pourra par exemple être évoqué sous hypnose. Freud établit en 1900 sa première topique composé de trois systèmes : l'inconscient duquel émanent les désirs/fantasmes, le conscient qui les analyse en continu et le préconscient qui les emmagasine et les rétablit dans le conscient. En 1920, il établit une seconde topique comprenant elle aussi trois structures, le ça, pouvant s'identifier à l'inconscient, le moi dans lequel émergent les fantasmes s'ils n'ont pas été refoulés dans le ça par le surmoi. J.Lacan émettra par la suite de nouvelles perspectives quand au fonctionnement de l'inconscient...

L'inconscient selon Lacan
L'apport majeur du controversé Jacques Lacan est incontournable. Pour ce dernier, l'inconscient n'est pas qu'un ensemble "structuré comme un langage" (selon sa formule) mais, il parle aussi, dans les symptômes par exemple, il parle à un locuteur présumé, qu'il nomme le grand autre (noté Autre). Ce supposé, sujet de l'inconscient, ne fait pas que parler, comme Freud l'a découvert, ça désire aussi là où on ne sait pas, là où est l'insu, l'unbewusst. Néanmoins ce qui caractérise au mieux l'inconscient est la scission et le conflit qu'il convoque là où l'homme voyait une unité moïque avec quelques obscurités à l'intérieur, Freud tel un Copernic renverse la donne et fait du sujet cartésien une particularité du psychisme perdu au milieu de l'arbitraire et du chaos des processus primaires et obligé d'y apporter un peu de sens. Cette scission de l'inconscient est quasi consubstantielle à l'existence d'une loi par là révèlée (qu'on pourra nommer interdit de l'inceste accessoirement, interdit de la jouissance ou ce qu'on veut). Elle est universelle et relative parce que, nous dit Lacan, liée aux effets du langage sur l'homme et peut donc prendre différentes formes. Cette scission amené par le langage permet aussi la parole, mais aussi la distinction entre moi et l'autre entre réalité psychique et réalité physique elle est donc constitutive de la psyché, dans sa forme "névrotique-standard".
L'apport de l'approche linguistique à la psychanalyse permet d'ailleurs à Lacan de résoudre l'impasse mentionnée plus haut d'un conscient inconscient, etc. Elle se résoud dans la non univocité de la langue et précisément aussi avec l'idée de structure où un objet ne prend sa valeur qu'en fonction de la place qu'il occupe et inversement un objet ne pouvant être défini qu'en fonction du contexte. Aussi un "signifiant" pour reprendre la terminologie lacanienne, ne renvoie pas de manière univoque à un objet de référence ou même au signifié qui est visé par la locuteur. Ainsi le mot "signifiant" n'a-t-il pas le même signifié que le "signifiant", disons saussurien (puisque pour commencer, Lacan en inverse la place). La conclusion étant qu'on ne peut échapper à l'inconscient, que toute analyse est interminable et qu'on sait rarement ce qu'on dit....

Le concept freudien de l'inconscient
L'inconscient pour Freud regroupe toutes les énergies ou tensions qui ne peuvent apparaître à la surface car elles vont à l'encontre des mœurs. Cette idée sera critiqué par Jean Paul Sartre qui pense que l'inconscient est un moyen pour l'homme de se donner bonne conscience. cf: L'être et le néant.

L'hypnose et l'association libre
C'est d'abord à travers la pratique de l'hypnose que Freud se rend compte qu'il est en présence de processus psychiques inconscients. En effet, lorsque des ordres sont donnés à un sujet hypnotisé et qu'il s'y soumet après son réveil, c'est bien la preuve que la parole a produit des effets, a mis en marche des mécanismes sans que le sujet n'en sache rien. Lorsque Freud abandonne l'hypnose et qu'il développe la technique d'association libre, il aboutit aux mêmes conclusions. Quelque chose est à l'œuvre dans le psychisme, indépendamment de la conscience.

Moyens d'investigation de l'inconscient
Pour démontrer l'existence d'un inconscient chez tout homme, Freud s'emploie à relever des faits qui peuvent être tenus pour des indices. Il souhaite prouver que l'inconscient est le propre de l'homme "normal" ou non. Selon lui, il y a des actes qui ne peuvent être expliqués que si l'on pose l'existence d'une vie psychique inconsciente. Parmi ces phénomènes, il y a le rêve, les actes manqués et les mots d'esprit qui se manifestent chez tout homme. Dans le rêve, le mot d'esprit ou les actes manqués, ce sont les lacunes ou les malformations du discours conscient qui renseignent sur les désirs inconscients. On peut donc dire que : l'inconscient dénote tout ce qui n'est pas conscient pour un sujet, tout ce qui échappe à sa conscience spontanée et réfléchie. Reste que beaucoup diront que ceci est une définition pré-freudienne de l'inconscient, car Freud comme il le montre pour le rêve ne se préoccupe pas des processus cognitif sub-conscients (type résolution d'un problème pendant le sommeil). L'inconscient pour lui, c'est avant tout quelque chose qui a à voir avec l'interdit, avec le tabou, etc, donc surtout avec la Loi et sa transgression, avec le désir. Mais on peut dire aussi que l'inconscient c'est là où ça pense, et surtout là où ça désire selon une certaine logique, absurde et bizarre, sans qu'on le sache.
• Le rêve: Les rêves sont selon Freud "la voie royale qui mène à l'inconscient". Tout homme rêve, donc l'inconscient est bien actif chez chacun de nous. L'analyse du rêve permet de découvrir les mécanismes de symbolisation du psychisme. Et surtout les mécanismes de déformations de la censure. Car le rêve, selon Freud a un sens, c'est avant tout la satisfaction d'un désir, mais pas de n'importe quel désir.
• Les actes manqués: Il existe des petits phénomènes qui viennent rompre la continuité des paroles et des actions. Ce sont des "bizarreries" que Freud veut essayer de comprendre.
• Le mot d'esprit: C'est le dernier champ ouvert à l'investigation de l'inconscient. Il servirait le plus souvent à exprimer sous des allures inoffensives, des tendances hostiles, des aspirations sexuelles, le mépris de soi ou des autres.

Les mécanismes de l'inconscient
• La condensation: "Cela consiste à représenter par un seul élément du contenu manifeste une multiplicité d'éléments (image, représentation...) du contenu latent. Inversement, un seul élément du contenu latent peut être représenté par plusieurs éléments du contenu manifeste." (Laplanche et Pontalis). C'est un travail de "compression" dont Freud dit qu'il est différent d'un simple résumé. Par exemple, une personne peut tout à coup revêtir l'apparence d'une autre et prendre le caractère d'une troisième. On voit la condensation à l'œuvre dans le symptôme et d'une façon générale dans les diverses formes de productions de l'inconscient (lapsus, oublis...). Mais c'est dans le rêve qu'elle est la mieux mise en évidence.
• Le déplacement: "Fait que l'accent, l'intérêt, l'intensité d'une représentation est susceptible de se détacher d'elle pour passer à d'autres représentations originellement peu intenses, reliées à la première par une chaîne associative."(Laplanche et Pontalis). C'est le procédé par lequel un trait secondaire ou un détail insignifiant dans le récit acquiert dans l'interprétation une valeur centrale. Il n'y a pas de correspondance entre l'intensité psychique d'un élément donné du contenu manifeste et celle des éléments du contenu latent auquel il est associé.
• Le refoulement: C'est un mode de défense privilégié contre les pulsions. Le refoulement est l'opération par laquelle le Moi repousse et maintient à distance du conscient des représentations considérées comme désagréables, car inconciliables avec le réel.
• La formation de compromis: C'est un conflit entre deux tendances, l'une inconsciente et d'ordinaire refoulée qui lutte pour la satisfaction d'un désir et l'autre consciente qui désapprouve et réprime cette satisfaction. L'issue de ce conflit est une formation de compromis dans laquelle les tendances trouvent une expression complète. Un très bon exemple de formation de compromis est l'acte manqué.

L'idée d'un appareil psychique
L'idée d'une "topique" psychique est présente dans la pensée de Freud dés 1895. Freud élabore un appareil psychique constitué de systèmes doués de fonctions différentes et disposés dans un certain ordre les uns par rapport aux autres. On peut les considérer comme des lieux (topos =lieu en grec).

Système de l'inconscient selon la première topique
Il y a trois systèmes décrits par Freud dans sa première topique :
• Le conscient (Cs) : Il est situé à la périphérie de l'appareil psychique, recevant à la fois les informations du monde extérieur et celles provenant de l'intérieur. C'est le lieu d'accès direct des représentations à la conscience et en lui ne s'inscrit aucune trace durable des excitations. Ce système respecte des règles (logique, temporalité...) pour se protéger et garantir sa survie en refoulant tout ce qui pourrait menacer l'adaptation du sujet.
• Le préconscient (Pcs) : Il est situé entre le système inconscient et conscient. Il est le plus souvent rattaché au conscient et on parle alors de système perception-conscience, traduction littérale de l'allemand freudien "Wahrnehmungsbewusstsein", plus correctement traduit par "la conscience dans sa fonction perceptive". Il est séparé de l'inconscient par la censure qui cherche à interdire aux contenus inconscients la voie vers le conscient.
• L'inconscient (Ics) : C'est le siège des pulsions innées, des désirs et des souvenirs refoulés ; c'est la partie la plus archaïque de l'appareil psychique. Ce système ne comprend que des représentations de choses, il ne peut pas les verbaliser. Ces représentations ne connaissent ni négation ni doute, elles ne respectent ni les règles de la logique, ni de la temporalité ordonnée. Elles sont régies par le principe de plaisir. On peut représenter l'inconscient comme la partie immergée de l'iceberg.
• La censure : La censure est une instance particulière qui laisse passer uniquement ce qui lui est agréable et retient le reste. Ce qui se trouve alors écarté par la censure se trouve à l'état de refoulement et constitue le refoulé. Dans certains états comme le sommeil, la censure subit un relâchement de sorte que le refoulé puisse surgir dans la conscience sous forme d'un rêve. Mais comme la censure n'est pas totalement supprimée, le rêve devra subir des modifications.

Système de l'inconscient selon la seconde topique
Freud restera fidèle à sa conception de la théorie première de l'appareil psychique. Il va cependant introduire la seconde topique en 1923. Cette seconde topique se superpose à la précédente et introduit trois nouvelles instances : le ça, le Surmoi et le Moi.
• Le ça: Il est dans l'inconscient et il est immuable. C'est l'instance la plus primitive. Le ça est le réservoir de la libido, du désir sexuel mais aussi d'autres désirs tels que : le désir de domination, de maîtrise, de jouissance et de savoir. Le "ça" cherche des satisfactions immédiates.
• Le Surmoi: Il est dans l'inconscient et il est immuable. Il refoule et censure de façon archaïque et infantile. C'est en partie l'intériorisation des désirs parentaux.
• Le Moi: Il est en grande partie dans l'inconscient mais il n'est pas entièrement immuable. Le Moi s'efforce d'établir un équilibre entre les interdits et les refoulements du Surmoi, les désirs du ça et les nécessités de l'action sur le monde extérieur et de la vie sociale.

Expérience scientifique
L'une des expériences « scientifiques » qui permet de postuler l'hypothèse d'un inconscient, est la suggestion post-hypnotique. Cette expérience consiste à suggérer à une personne en état d'hypnose d'effectuer une action à son réveil (par exemple ouvrir un parapluie qui se trouve dans la pièce). On lui demande également d'oublier tout ce qui a été dit pendant cette séance d'hypnose. À son réveil, la personne va aussitôt exécuter la consigne et ouvrir le parapluie. Lorsqu'on lui demande les raisons qui l'ont conduites à ouvrir le parapluie, la personne va systématiquement invoquer d'autres raisons : « je ne sais pas » ou « pour voir s'il fonctionne bien »... cette expérience démontre qu'un sujet peut agir à son insu sans en comprendre les motifs. Cela éclaire certains phénomènes comme par exemple les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC).

Inconscient individuel et collectif
Même si l'inconscient était en fait déjà connu depuis Leibnitz, c'est-à-dire depuis le XVIIe siècle, le concept moderne d'inconscient, peut être attribué à Sigmund Freud. Celui-ci a eu le mérite de l'appliquer à des cas individuels et de sensibiliser sur des méthodes d'investigation pour des patients atteints de troubles psychiques.
Toutefois, Sigmund Freud s'est cantonné à l'inconscient individuel. Les phénomènes d'inconscient collectif n'ont pas vraiment été abordés par Freud.
Ces questions d'inconscient collectif ont fait l'objet des théories de Carl Gustav Jung (1875-1961), psychanalyste suisse qui exerçait à Bâle, et qui vécut quelque temps après Freud. Jung naquit en effet une vingtaine d'années après Freud, et vécut la Seconde Guerre mondiale.

Inconscient collectif
La notion d’inconscient collectif a été mise en avant par le psychanalyste Carl Gustav Jung. Elle est reprise, de manière parfois très différente, par différentes écoles de psychanalyse ou s’inspirant de la psychanalyse.
Carl Gustav Jung, qui parle aussi d'inconscient impersonnel, utilise cette notion sous différentes acceptions, allant d'un modèle structural des fondements instinctifs de l'inconscient, à l'idée d'une transmission héritée de certains contenus inconscients. Cette notion est pour lui toujours étroitement liée à sa définition des archétypes, préformes vides qui structurent et dynamisent l'ensemble des processus psychiques, perceptifs, affectifs, cognitifs, comportementaux etc.
Pour Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, l'inconscient se caractérise avant tout par le fait qu'il naît du refoulement originel, et est en relation dynamique avec le système Conscient/Préconscient au travers des mécanismes de défenses, au premier rang desquels figure le refoulement. L'inconscient freudien n'est donc pas une donnée a priori. Cependant Freud a décrit les fantasmes originaires, données a priori et collectives de l'inconscient, mais tous les freudiens ne s'accordent pas sur l'interprétation à donner de ce concept.
Au contraire, pour Jung, l'inconscient est constitué de tout ce qui n'est pas conscient. Il se situe ainsi dans la ligne de l'école française de Paul Janet. De ce fait l'approche des deux hommes ne peut que partiellement se correspondre. Au sein de l'inconscient, Jung différencie l'inconscient personnel, qui recoupe à peu près ce que, au début du XX° sciècle, Freud entendait par l'inconscient (Freud, puis certains freudiens, ont, depuis, fait significativement évoluer ce concept), et l'inconscient collectif, ou inconscient impersonnel, qui est la donnée a priori de l'âme humaine, sa part de réalité objective. Il est constitué par les archétypes. « Pour moi ce concept ne relève que de la théorie de la connaissance. […] En un sens je pourrais dire de l’inconscient collectif exactement la même chose que Kant disait de la chose en soi » (C.G. Jung, Correspondance 1906-1940, Paris, Albin Michel, 1992, pp.133-135)

Inconscient groupal
Description du modèle

Elle se situe dans la catégorie de modèles dite « tout se passe comme si » - voir Hans Vaihinger.
Tout se passe comme si dans un groupe humain il y avait les mêmes formations de l'inconscient que dans la pensée de l'individu.
La formation dite « le ça du groupe » représente les pulsions de vie et les pulsions de mort.
La formation dite « le surmoi du groupe » représente les règles, les lois telles que le groupe les a incorporées depuis sa création.
La formation dite « le moi groupal» représente la capacité à articuler le çà, le surmoi avec leurs dimensions imaginaires et symboliques et le réel.
Le groupe, dans l’imperfection naturelle de sa capacité à symboliser les contradictions entre le désir et les contraintes du réel, va générer des « restes », des « bouts de discours », des «objets chargés d’émotion », etc. qui vont être en attente d’une symbolisation suffisamment aboutie.
Les « gros restes » sont appelés « cadavre dans le placard » - une métaphore qui n’est pas employée seulement par la psychanalyse.
Souvent un acteur du groupe se retrouve dans le rôle de « porteur de restes ». Quand les restes sont importants, cela prend la forme de la « tête de turc » et du bouc émissaire ».

Principaux auteurs à consulter
• Sigmund Freud
• Wilfred Ruprecht Bion
• Didier Anzieu
• René Kaes